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of the art: nor should I complain of the intricacy of Greek abbreviations and Gothic alphabets, since

every

mes auteurs, et sans éplucher avec soin leurs idées et leurs expressions. Mais toute lecture ne fournit pas également. Il y a des livres qu'on parcourt, et il y en a qu'on lit; il y en a enfin qu'on doit étudier. Mes observations sur ceux de la première classe ne peuvent qu'être courtes et détachées. Elles conviennent au journal. Celles qui regardent la seconde classe n'y entreront qu'autant qu'elles auront le même caractère. Vment, Mes refléxions sur ce petit nombre d'auteurs classiques, qu'on médite avec soin, seront naturellement plus approfondies et plus suivies. C'est pour elles, et pour des pièces plus étendues et plus originales, auxquelles la lecture ou la méditation peut donner lieu, que je ferai un recueil séparé. Je conserverai cependant sa liaison avec le journal par des renvois constans qui marquerunt le numéro de chaque pièce avec le tems et l'occasion de sa composition. Moyennant ces précautions mon journal ne peut que m'être utile. Ce compte exact de mon tems m'en fera mieux sentir le prix; il dissipera par son détail, l'illusion qu'on se fait d'envisager seulement les années et les mois et de mépriser les heures et les jours. Je ne dis rien de l'agrément. C'en est un bien grand cependant de pouvoir repasser chaque époque de sa vie, et de se placer, dès qu'on le veut, au milieu de toutes les petites scènes qu'on a joué, ou qu'on a vu jouer.

Avril 6, 1764.]—J'ai été éveillé par Pavilliard et Holroyd pour arrêter une fâcheuse affaire qui s'étoit passée au bal après notre départ. Guise, qui faisoit la cour à Mademoiselle d'Illens depuis long tems, voyoit avec peine que Van Berken (un Hollandois) menaçoit de le supplanter. Il ne répondoit jamais aux politesses de son rival, que par des brusqueries; et à la fin à l'occasion de la main de Mademoiselle d'Illens il s'emporta contre lui le plus mal à propos du monde, et le traita devant tout le monde d'impertinent; &c. J'ai appris de Pavilliard que Van Berken lui avoit envoyé un cartel, et que la réponse de Guise ne l'ayant point contenté ils devoient se rencontrer à cinq heures du soir. Au

désespoir

every day, in a familiar language, I am at a loss to decypher the hieroglyphics of a female note. In a tranquil scene, which revived the memory of my first studies, idleness would have been less pardonable: the public libraries of Lausanne and Geneva liberally supplied me with books; and if many hours were lost in dissipation, many more were employed in literary labour. In the country, Horace and Virgil, Juvenal and Ovid, were my assiduous com

désespoir de voir mon ami engagé dans une affaire qui ne pouvoit que lui faire du tort, j'ai couru chez M. de Crousaz où demeuroit Van Berken. J'ai bientôt vu qu'il ne lui falloit qu'une explication assez légère, jointe à quelque apologie de la part de Guise pour le désarmer, et je suis retourné chez lui avec Holroyd pour l'engager à la donner. Nous lui avons fait comprendre que l'aveu d'un véritable tort ne blessoit jamais l'honneur, et que son insulte envers les dames aussi bien qu'envers Van Berken étoit sans excuse. Je lui ai dicté un billet convenable, mais sans la moindre, bassesse, que j'ai porté au Hollandois. Il a rendu les armes sur le champ, lui a fait la réponse la plus polie, et m'a remercié mille fois du rôle que j'avois fait. En vérité cet homme n'est pas difficile. Après dîner j'ai vu nos dames à qui j'ai porté une lettre d'excuses. La mère n'en veut plus à Guise, mais Mademoiselle d'Illens est désolée du tort que cette affaire peut lui faire dans le monde. Cette négociation m'a pris le jour entier; mais peut on mieux employer un jour qu'à sauver la vie, peut-être à deux personnes, et à conserver la réputation d'un ami? Au reste j'ai vu au fond plus d'un caractère. Guise est brave, vrai, et sensé, mais d'une impétuosité qui n'est que plus dangereuse pour être supprimée à l'ordinaire. C***** est d'une étourderie d'enfant. De Salis d'une indifférence qui vient plus d'un défaut de sensibilité, que d'un excès de raison. J'ai conçu une véritable amitié pour Holroyd. Il a beaucoup de raison et des sentimens d'honneur avec un cœur des mieux placé.

panions:

panions: but, in town, I formed and executed a plan of study for the use of my Transalpine expedition: the topography of old Rome, the ancient geography of Italy, and the science of medals. · 1. I diligently read, almost always with a pen in my hand, the elaborate treatises of Nardini, Donatus, &c. which fill the fourth volume of the Roman Antiquities of Grævius. 2. I next undertook and finished the Italia Antiqua of Cluverius, a learned native of Prussia, who had measured, on foot, every spot, and has compiled and digested every passage of the ancient writers. These passages in Greek or Latin authors I perused in the text of Cluverius, in two folio volumes: but I separately read the descriptions of Italy by Strabo, Pliny, and Pomponius Mela, the Catalogues of the Epic poets, the Itineraries of Wesseling's Antoninus, and the coasting Voyage of Rutilius Numatianus; and I studied two kindred subjects in the Mesures Itinéraires of d'Anville, and the copious work of Bergier, Histoire des grands chemins de l'Empire Romain. From these materials I formed a table of roads and distances reduced to our English measure; filled a folio common-place book with my collections and remarks on the geography of Italy; and inserted in my journal many long and learned notes on the insulæ and populousness of Rome, the social war, the passage of the Alps by Hannibal, &c. 3. After glancing my eye over Addison's agreeable dialogues, I more seriously read the great work of Ezechiel Spanheim, de Præstantiâ et Usû Numismatum, and applied with him the medals of the

VOL. I.

N

kings

kings and emperors, the families and colonies, to the illustration of ancient history. And thus was I armed for my Italian journey.*

I shall advance with rapid brevity in the narrative of this tour, in which somewhat more than

*JOURNAL, Lausanne, Avril 17, 1764.]-Guise et moi, nous avons donné un dîner excellent et beaucoup de vin à Dupleix, et à beaucoup d'autres. Après dîner nous nous sommes échappés pour faire quelques visites aux Grands, aux Seigneux, et aux d'Illens. Je pars avec quelques regrets: cependant un peu de vin, et une gaieté dont je ne pouvois rendre raison, m'ont rendu d'une étourderie sans pareille, vis-à-vis de ces petites. Je leur ai dit cent folies, et nous nous sommes embrassés en riant. Mésery nous a donné un très beau souper avec une partie de la compagnie du matin, augmentée de Bourgeois et de Pavilliard. Ce souper, les adieux, sur tout à Pavilliard, que j'aime véritablement, et les préparatifs du départ, m'ont occupé jusqu'à deux heures du matin.

Je quitte Lausanne avec moins de regret que la première fois. Je n'y laisse plus que des connoissances. C'étoit la maîtresse et l'ami dont je pleurois la perte. D'ailleurs je voyois Lausanne avec les yeux encore novices d'un jeune homme, qui lui devoit la partie raisonnable de son existence, et qui jugeoit sans objets de comparaison. Aujourdhui j'y vois une ville mal bâtie, au milieu d'un pays délicieux, qui jouit de la paix et du repos, et qui les prend pour la liberté. Un peuple nombreux et bien élevé, qui aime la société, qui y est propre, et qui admet avec plaisir les étrangers dans ses cotteries, qui seroient bien plus agréables si la conversation n'avoit pas cédé la place au jeu. Les femmes sont jolies, et malgré leur grande liberté, elles sont très sages. Tout au plus peuvent-elles être un peu complaisantes, dans l'idée honnête, mais incertaine, de prendre un étranger dans leurs filets. La maison de M. de Mésery est charmante; le caractère franc et généreux du mari, les agrémens de la femme, une situation délicieuse, une chère excellente, la compagnie de ses compatriotes, et une liberté parfaite, font aimer ce séjour à tout Anglois. Que je voudrois en trouver un semblable à Londres! J'y regrette encore Holroyd, mais il nous suit de près.

a year

a year (April 1764-May 1765) was agreeably employed. Content with tracing my line of march, and slightly touching on my personal feelings, I shall wave the minute investigation of the scenes which have been viewed by thousands, and described by hundreds, of our modern travellers. ROME is the great object of our pilgrimage; and 1st, the journey; 2d, the residence; and 3d, the return; will form the most proper and perspicuous division. 1. I climbed Mount Cenis, and descended into the plain of Piedmont, not on the back of an elephant, but on a light osier seat, in the hands of the dextrous and intrepid chairmen of the Alps. The architecture and government of Turin* pre

sented

Turin, Mai 10, 1764.]--Nous avons été présentés aux Princesses, et au Duc de Chablais. C'étoit tout ce qui nous restoit de la famille royale que nous avions envie de voir. Il y a trois Princesses qui ont bien l'air de ne jamais changer d'état. L'ainée, la Princesse de Savoye, a un petit visage arrondi qui peut avoir été joli. Louise et Feliceté sont un peu pâles et maigres, mais ce sont bien les meilleures filles du monde. Le Duc de Chablais est grand, bien fait, et un peu noirâtre. Il n'a pas un air aussi prévenant que le Duc de Savoye; malgré sa grande jeunesse, et la gêne où l'on le tient, il paroît plus libre, et plus formé. C'est le favori du père, qui est aussi prodigue à son égard, qu'il est avare pour le pauvre Duc de Savoye, qui est obligé de prendre sur son nécessaire, et sur les revenus de sa femme, les sommes qu'il employe à des œuvres de charité, et de générosité, surtout à l'égard des officiers.

Turin, Mai 11, 1764.]—Il faut dire deux mots de Turin, et du Souverain qui y règne. Quand on voit les accroissemens lents et successifs de la maison de Savoye pendant huit cens ans, il faut convenir que sa grandeur est plutôt l'ouvrage de la prudence que de la fortune. Elle se soutient, comme elle s'est formé, par la sagesse,

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