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voit pas être là le Pison que nous cherchons; mais parmi un assez grand nombre de personnages du siècle d'Auguste qui portoient ce nom, je voudrois qu'on m'aidât à trouver celui sur qui les soupçons peuvent tomber avec quelque vraisemblance.

2. Vous savez combien les critiques se sont donnés de peine, pour rechercher le vrai but qu'avoit Horace dans la troisième ode du troisième livre. La grandeur des idées, et la noblesse des expressions y font sentir partout la main de maître: mais on est à la fois fâché et surpris d'y voir que le commencement ne se lie point avec la suite, que la harangue de Junon paroît ne tenir à rien, et n'aboutir à rien; et après avoir admiré cette ode par parties, on ne peut guères s'empêcher d'en condamner l'ensemble. Taneguy le Fevre l'avoit expliquée par un systême que M. Dacier trouve mériter autant d'éloges que l'ode elle même, et qui

en

therefore, that he is not the person to whom Horace writes; but, among the number of other men who bore that name, I wish that you would help me to discover the Piso to whom that poem was most probably addressed.

2. You know how much trouble it has cost the critics to find out Horace's true design in the third ode of his third book. This masterly performance is distinguished by greatness of thought and dignity of expression; but we are surprised and grieved to find, that the end does not correspond with the beginning; and that Juno's speech is totally unconnected with what precedes or follows it; so that after admiring the detached parts of this ode, we are forced to condemn it as a whole. Taneguy le Fevre explained it by a conjecture, which Dacier thinks deserving of as high encomiums as the ode itself; and which is, doubtless, very

ingenious.

en effet me paroît des plus jolis. Vous savez qu'il le fonde sur la crainte qu'il prête au peuple Romain de voir transférer à Ilium le siège de l'empire; et qu'il suppose qu'Horace composa cette ode dans la vue de détourner Auguste de ce dessein, en lui rappellant toute la part que les Dieux avoient eu à la destruction de cette ville, et combien le mortel qui oseroit la rebâtir s'exposeroit à tout le courroux de ces mêmes Dieux. Le peuple pouvoit d'autant plus facilement supposer ce dessein à ce prince, que son père adoptif en avoit été soupçonné.

Mais je doute que ce systême puisse se soutenir. Et on ne sauroit jamais prouver ces craintes prétendues du peuple Romain, qui sont mêmes sans vraisemblance; Auguste se distingua toujours par les soins particuliers qu'il donna à la ville de Rome, qui devoient rassurer le peuple contre toutes les craintes d'une pareille espèce. On peut en voir le détail dans la

vie

ingenious. You know that his explanation turns on the supposed dread of the Romans, lest the seat of their empire should be removed to Troy; and that he fancies the ode to have been written with a view to divert Augustus from such a design, by shewing him how earnestly the Gods had co-operated towards the destruction of Troy, and how much their resentment would be provoked by an attempt to rebuild that ill-fated city. The people might the more naturally suspect Augustus of such an intention, because it was thought to have been entertained by his adoptive father. this conjecture, I fear, will not bear examination. It is impossible to prove those pretended fears of the Romans; which are rendered highly improbable, when we consider that Augustus was remarkable for his affectionate partiality towards Rome; as may be seen

Sueton. L. i. c. 79.

But

vie d'Auguste par Suétone, c. 28, 29, 30. Je n'en marquerai que deux: il engagea la plupart des grands à orner la ville, par des bâtimens superbes,* et il bâtit un Temple à Mars le Vengeur, où il ordonna que le sénat s'assembleroit toutes les fois qu'il seroit question de guerres ou de triomphes.† Sont-ce là les actions d'un homme qui songe à se faire une nouvelle capitale? L'exemple de son oncle ne pouvoit conclure; ce fut vers la fin de sa vie qu'il dut concevoir ce projet, dans un tems où la prosperité l'avoit aveuglé et engagé dans mille démarches folles et mal entendues, qu'Auguste se piqua toujours d'éviter avec soin. La sage opiniâtreté avec laquelle il refusa toujours la dictature, peut servir de preuve à ce que je dis. Voilà les raisons qui m'empêchent d'acquiescer au systême de Taneguy le Fevre. J'en suis fâché, et je ne

serai

in his Life by Suetonius, c. 28, 29, 30. I shall mention but two examples of it. He encouraged almost all the great men of Rome to adorn the city by superb edifices;* and himself erected a temple to Mars the Avenger, where the senate was ordered to assemble during its deliberations concerning wars and triumphs.t These are not the actions of a man who wished to found a new capital. The example of his uncle is not applicable; that project was formed by him towards the end of his life, when he was intoxicated by prosperity, and engaged in a thousand wild enterprises, which the prudence of Augustus carefully avoided. The cautious firmness with which the latter prince always refused the office of dictator, confirms my remark. Such are the reasons which hinder me from acquiescing in Le Fevre's explanation. I

* Vel. Paterculus, Lib. ii. c. 89. + Sueton. L. ii. c. 29.
Sueton. L. ii. c. 52. Vell. Patercul. L. ii. c. 89.

am

serai tout à fait content que lorsque vous m'aurez fourni une autre explication de cette ode, plus solide sans doute, et qui en applanira également les difficultés.

3. Antiochus, roi de Syrie, avoit pris plusieurs villes de la Cole-Syrie et de la Palestine au jeune Ptolémée, alors sous la tutelle des Romains. Ceuxci prennent la défense de leur élève, et ordonnent au roi de Syrie de les rendre. Il méprise ces ordres, et les retient. Sur quoi on lui envoye une seconde ambassade, laquelle laissant de côté les prétensions du jeune prince, lui ordonna de rendre des villes, que le peuple Romain avoit acquises par le droit de la guerre, civitates jure belli factas populi Romani. Ce sont là les termes de Justin,* qui nous jettent dans une difficulté embarrassante. On ne conçoit pas comment les Romains pouvoi

ent

am sorry for it, and shall not be easy till you supply me with another more solidly founded, and equally well fitted to remove all difficulties.

3. Antiochus, king of Syria, had taken possession of several cities in Cale-Syria and Judæa, belonging to young Ptolemy, then under the protection of the Romans. That people undertake the defence of their pupil, and order Antiochus to restore his towns. He despises their orders, and keeps those towns in his possession; in consequence of which, the Romans send to him a second embassy, which, without making any mention of young Ptolemy's pretensions," claim those towns as belonging to the Romans by the right of war." These are Justin's words, which present us with a very perplexing difficulty; because we do not perceive how the Romans could have acquired those places by the right of war,

* Justin. L xxx. c. 1.

ent avoir acquis des villes dans la Syrie, et dans l'Egypte, puisque, bien loin d'y avoir fait des conquêtes, ils ne portèrent leurs armes en Asie que plusieurs années après cette époque. On connoît bien un traité qu'ils avoient fait avec les Rois d'Egypte avant ce tems,* mais c'étoit un pur traité d'alliance et d'amitié qui ne fut précédé ni suivi d'aucune guerre. J'ai cru que l'examen des autres historiens, qui ont raconté ces mêmes évènemens, pouvoit jetter quelques lumières sur un passage de Justin aussi obscur que celui là. Mais Tite Live, qui parle plusieurs fois † des négociations par lesquelles les Romains tachèrent de faire rendre à Ptolémée les villes d'Asie, qu'on lui avoit prises, en parle nulle part de ce droit de la guerre en vertu duquel les Romains les demandoient. Le savant M. Breitinger, professeur en langue Grecque à Zurich, à qui j'ai communiqué cette difficulté,

après

since they were so far from having made conquests in Asia then, that they did not carry their arms into that country till a later æra. A treaty indeed subsisted between them and the kings of Egypt,* but it was a treaty merely of friendship and alliance, neither preceded nor followed by any war. I thought that an examination of the other historians, who relate the same transactions, might throw light on this obscure passage of Justin. But Livy, who mentions several times † the negociations by which the Romans endeavoured to recover for Ptolemy the places taken from him by Antiochus, is altogether silent with regard to this "right of war," in virtue of which they were demanded. I acquainted the learned, Mr. Breitinger, professor of Greek at Zurich, with my difficulty

Tit. Liv. Epitom. L. iv. Eutrop. L. ii. Valer. Maxim. L. iv. c. 3. Tit. Liv. L. xxxiii. c. 31. 39. 40.

оп

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