Oeuvres complètes illustrées de Gustave Flaubert: L'education sentimentale

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Librairie de France, F. Sant' Andrea, L. Marcerou & cie., 1923
 

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Popular passages

Page 379 - ... science, ni pour l'argent. De tout ce qui va suivre personne n'a rien su, et ceux qui me voyaient chaque jour, pas plus que les autres; ils étaient, par rapport à moi, comme le lit sur lequel je dors et qui ne sait rien de mes songes. Et d'ailleurs, le cœur de l'homme n'est-il pas une énorme solitude où nul ne pénètre? les passions qui y viennent sont comme les voyageurs dans le désert du Sahara, elles y meurent étouffées, et leurs cris ne sont point entendus au delà. Dès le collège...
Page 366 - Pantagruel, tu as perdu ta bonne mère, ta douce nourrice, ta dame très aimée. Ha, fausse mort, tant tu m'es malivole*, tant tu m'es outrageuse, de me tollir** celle à laquelle immortalité appartenait de droit. » Et, ce disant, pleurait comme une vache ; mais tout soudain riait comme un veau, quand Pantagruel lui venait en mémoire. « Ho ! mon petit fils, disait-il, mon coillon...
Page 314 - L'homme, avec son génie et son art, n'est qu'un misérable singe de quelque chose de plus élevé. Je voudrais le beau dans l'infini et je n'y trouve que le doute. XIX Oh ! l'infini ! l'infini, gouffre immense, spirale qui monte des abîmes aux plus hautes régions de l'inconnu...
Page 33 - ... car mes affaires sont réduites en tels termes que je la verrais entrer par la fenêtre, je ne voudrais pas sortir par la porte pour fuir». (Historique.) — Vive le duc de Guise! vive le duc de Guise! A ce cri ils se retirèrent, puis bientôt l'on n'entendit plus que le bruit de leurs bottes éperonnées qui résonnaient sur les dalles du grand escalier. II CHARLOTTE DE BEAUNE. Le duc de Guise était revenu à sa place, quand deux coups de marteaux résonnèrent à la porte.
Page 443 - J'ai connu un ami qui avait adoré, à quinze ans, une jeune mère qu'il avait vue nourrissant son enfant; de longtemps il n'estima que les tailles de poissarde, la beauté des femmes sveltes lui était odieuse. A mesure que le temps s'éloignait, je l'en aimais de plus en plus; avec la rage que l'on a pour les choses impossibles, j'inventais des aventures pour la retrouver, j'imaginais notre rencontre, j'ai revu ses yeux dans les globules bleus des fleuves, et la couleur de sa figure dans les feuilles...
Page 337 - Vous ne rêverez rien de si terrible et de si monstrueux que les dernières heures de l'Empire, c'est là le règne du crime, c'est son apogée, sa gloire; il est monté sur le trône, il s'y étale à l'aise, en souverain ; il se farde encore pour être plus beau , à aucune époque vous le verrez pareil; Alexandre VI est un nain à côté de Tibère, et les imaginations de dix grands poètes ne créeraient pas quelque chose qui vaudrait cinq minutes de la vie de Néron. Nous remarquerons d'abord...
Page 395 - Je voyais les autres gens vivre, mais d'une autre vie que la mienne: les uns croyaient, les autres niaient, d'autres doutaient, d'autres enfin ne s'occupaient pas du tout de tout ça et faisaient leurs affaires, c'est-àdire vendaient dans leurs boutiques, écrivaient leurs <• livres ou criaient dans leur cluiûc; c'était là ce qu'on appelle l'humanité, surface mouvante de méchants, de lâches, d'idiots et de laids. Et moi j'étais dans la foule, comme une algue arrachée sur l'Océan, perdue...
Page 449 - ... une solitude austère, d'où rien ne sortait. Or il jugea convenable de ne plus se plaindre, preuve peut-être qu'il commença réellement à souffrir. Ni dans sa conversation , ni dans ses lettres , ni dans les papiers que j'ai fouillés après sa mort, et où ceci se trouvait, je n'ai saisi rien qui dévoilât l'état de son âme, à partir de l'époque où il cessa d'écrire ses confessions.
Page 381 - Certains mots me bouleversaient, celui de femme, de maîtresse surtout ; je cherchais l'explication du premier dans les livres, dans les gravures, dans les tableaux, dont j'aurais voulu pouvoir arracher les draperies pour y découvrir quelque chose.
Page 318 - Est-ce toi qui as voulu naître avec un caractère heureux ou triste, phtisique ou robuste, doux ou méchant, moral ou vicieux? Mais d'abord pourquoi es-tu né? est-ce toi qui l'as voulu? t'at-on conseillé là-dessus? tu es donc né fatalement parce que ton père un jour sera revenu d'une orgie, échauffé par le vin et des propos de débauche, et que ta mère en aura profité, qu'elle aura mis en jeu toutes les ruses de femme poussée par ses instincts de chair et de bestialité que lui a...

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