La fée lui promet de le secourir s'il veut jurer d'obéir à ses ordres; mais il s'écrie : « Je ne veux pas jurer.... Obéir! à qui? Aux esprits auxquels je commande. Etre l'esclave de ceux qui me servirent. Jamais! >>> Dans la troisième scène du second acte les Destinées se rassemblent sur le sommet de la Jung-Frau. Elles ont toutes versé leurs coupes de fiel sur les pauvres humains, et se racontent leurs exploits. Dans le chant de la seconde, le poète fait allusion à un événement politique alors récent. « L'usurpateur captif précipité du trône, était enseveli dans la torpeur, oublié, isolé. J'ai rompu sa MANFRED. I will not swear-Obey! and whom? the spirits The captive Usurper, Hurl'd down from the throne, Lay buried in torpor, Forgotten and lone; I broke through his slumbers, léthargie, j'ai brisé sa chaîne, je l'ai ligué avec des masses d'hommes... il est encore tyran! Il me paiera de mes soins par le sang d'un million de créatures; la destruction d'une nation signalera sa fuite et son désespoir. >>> Cette scène est inspirée, mais non pas imitée, des trois sorcières de Macbeth. Arimanes préside ce conseil ténébreux. Les Destinées lui sont soumises. Un mortel a osé pénétrer jusque dans ce sanctuaire. C'est Manfred qui vient y chercher la fin de ses souffrances. Il refuse de s'humilier devant le roi des esprits. Mais son âme inflexible en impose même aux puissances du mal. La force de sa douleur et de sa volonté lui ont fait dépasser les bornes de la vie. Il demande à revoir Astarté; celle qu'il pleure, et dont le souvenir est à-la-fois une joie et un remords. Le fantôme apparaît. Il le conjure de lui parler; mais il s'obstine à garder le silence : enfin il répond à la brûlante invocation de Manfred : « Demain tes maux terrestres finiront. Adieu! I leagued him with numbers- With the blood of a million he'll answer my care, To-morrow ends thine earthly ills. Farewell! MANFRED. « Encore un mot : Suis-je pardonné? <<< Adieu! LE FANTÔME. MANFRED. « Nous retrouverons-nous ? LE FANTÔME. << Adieu! >>> Manfred est de retour dans son château. Il ordonne qu'on le laisse seul; mais un prêtre, poussé par un saint zèle, parvient jusqu'à lui. Il a appris qu'il possédait de dangereux secrets; qu'il évoquait à son gré les puissances du mal: il vient lui offrir une réconciliation avec le ciel, la pénitence, et sa pitié. MANFRED. «Je t'entends, et voici ma réponse : ce que je puis avoir été, ce que je suis, reste entre le ciel et moi. Je ne choisirai pas un mortel pour médiateur. Ai-je péché contre vos ordonnances, prouvez-le et punissez-moi. L'ABBÉ. «Mon fils! je n'ai point parlé de punition, mais de pénitence et de pardon; tu peux encore choisir : quant aux derniers, nos institutions et notre puissante croyance m'ont donné le pouvoir d'aplanir le chemin qui mène du péché à de plus hautes espérances et à de meilleures pensées. Je laisse au ciel le châtiment. MANFRED. I hear thee. This is my reply; whate'er Against your ordinances, prove and punish! ABBOT OF SAINT MAURICE. My son! I did not speak of punishment, |