CXXXIII. « Ce n'est pas que les fautes de mes ancêtres, ou les miennes n'aient pu attirer sur moi la blessure qui me déchire intérieurement; et si elle m'eût été faite par d'autres armes et dans une cause plus juste, j'aurais laissé couler mon sang. Mais maintenant la terre ne le boira pas..... C'est à toi que je le dévoue..... C'est à toi que je confie la vengeance qui doit venir enfin, et que je n'ai pas cherchée pour l'amour..... Qu'importe..... je dors, mais toi, tu veilleras. CXXXIV. << Et si ma voix éclate enfin, ce n'est pas que je frémisse devant la souffrance. Qu'il parle celui qui a con CXXXIII. It is not that I may not have incurr'd The vengeance, which shall yet be sought and found, But let that pass-I sleep, but thou shalt yet awake. CXXXIV. And if my voice break forth, 'tis not that now templé l'altération de mes traits: qui a vu mon âme sortir épuisée d'affreuses convulsions; mais ces pages seront mes annales; mes paroles ne s'évanouiront pas dans l'air, quand même je ne serais plus que cendres : une heure viendra où ces vers, pleins et prophétiques, s'accompliront : elle amassera sur des têtes humaines la montagne de ma malédiction. CXXXV. « Cette malédiction sera le pardon... N'ai-je pas... entends-moi, ô terre, ô ma mère!.... Cieux, soyezen témoins!... N'ai - je pas eu à lutter contre mon sort ?... N'ai-je pas pardonné? N'ai-je pas eu ma tête brûlante de délire, mon cœur brisé, mes espérances détruites, mon nom frappé de flétrissure; la vie de Who hath beheld decline upon my brow, The deep prophetic fulness of this verse, CXXXV. That curse shall be Forgiveness.-Have I not- Have I not had to wrestle with my lot? Have I not suffered things to be forgiven? Have I not had my brain seared, my heart riven, ma vie ne m'a-t-elle pas été enlevée? Et, si j'ai pu échapper au dernier excès du désespoir, c'est que je ne suis pas tout-à-fait du même limon que l'âme de ceux qui ont causé ma ruine. CXXXVI. << Depuis les plus grandes offenses, jusqu'aux plus basses perfidies, n'ai-je pas vu ce que peuvent les humains. Depuis les rugissemens de la calomnie écumante, jusqu'aux chuchottemens étouffés du lâche vulgaire, et au venin plus subtil encore de la foule rampante; aux regards de ces gens à deux visages, dont l'œil significatif sait mentir en silence, qui, à l'aide d'un geste, d'un soupir, sans prononcer une parole, distribuent aux oisifs leur muette médisance. Hopes sapp'd, name blighted, Life's life lied away? Because not altogether of such clay As rots into the souls of those whom I survey. CXXXVI. From mighty wrongs to petty perfidy CXXXVII. << Mais j'ai vécu, et je n'ai point vécu en vain : mon âme peut perdre sa force, mon sang son ardeur, et mon corps peut périr en domptant la douleur; mais je porte au-dedans de moi ce que ne peuvent lasser ni le temps ni les tortures, ce qui me survivra quand je rendrai le dernier soupir. Quelque chose de surnaturel dont ils ne se doutent pas, et qui, semblable au souvenir des sons d'une lyre devenue silencieuse, pénétrera dans leurs âmes amollies, et réveillera dans leurs cœurs, maintenant d'airain, les derniers remords de l'amour. >>> Il y a de cruelles souffrances renfermées dans ces vers. Quelle profonde et terrible énergie! Comme la douleur s'échappe à flots brûlans et pressés de cette âme qu'elle consume! Qu'il connaissait bien l'amertume du repentir celui qui légua son pardon pour malédiction à ses persécuteurs! CXXXVII. But I have lived, and have not lived in vain : Mais revenons à Childe Harold. Il parcourt l'Italie: il a visité la belle Venise, à laquelle il ne reste plus rien de son antique splendeur, et Ferrare, la patrie du Tasse, où il languit dans les fers d'un orgueilleux despote, Alfonso d'Est, dont le nom serait consumé par l'oubli et enfoui avec sa vile poussière, sans l'infâme lien qui l'attache au sort du poète. Rome apparaît enfin au pélerin, dans toute la pompe de sa désolation. LXXVIII. « O Rome, ô ma patrie! s'écrie-t-il; cité de l'âme! Les cœurs orphelins doivent se tourner vers toi, mère désolée d'empires écroulés, et renfermer dans leur sein leurs puériles douleurs. Que sont nos maux et nos souffrances ? Venez : voyez le cyprès, écoutez le hibou, et frayez-vous un sentier sur les marches des trônes brisés, sur les débris des temples, ô yous, dont les angoisses sont les malheurs d'un jour!... un LXXVIII. Oh Rome! my country! city of the soul! |