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beaucoup de justesse à propos du dernier exemple : « Ce sont les cedentes qui sont trepidi, c'est à la façon de subire qu'on reconnaît la segnitia », de sorte qu'ici encore sa règle se trouve vérifiéc. On rencontre de même chez Cicéron, p. Rosc. Am., 20, 55, « aperte ludificari et calumniari sciens non videatur », où le changement a également sa raison d'être logique.

C. LE PRONOM.

LE PRONOM

§ 24. L'emploi des pronoms en latin présente beaucoup de particularités, auxquelles la plupart des grammaires ne consacrent qu'un petit nombre de pages. Je ne traiterai ici que des questions pour lesquelles je croirai avoir quelque observation. nouvelle à faire ou quelque fait nouveau à citer. Je commencerai par les questions qui se rapportent à l'emploi du réfléchi et du pronom ipse; puis je m'occuperai des pronoms démonstratifs et des pronoms indéfinis, aliquis, quis, quisquam, etc.

I.

EMPLOI DU PRONOM PERSONNEL RÉFLÉCHI ET DE L'ADJECTIF
POSSESSIF RÉFLÉCHI DE LA TROISIÈME PERSONNE 1.

§ 25. L'usage de T.-Live ne me paraît pas différer sensiblement de celui des autres prosateurs classiques. Étudier l'emploi que T.-Live fait du réfléchi reviendra donc en somme à étudier en général l'emploi du réfléchi dans la langue latine. Quoique cette question ait été souvent étudiée, il reste encore des points obscurs. Kühnast, Dräger et Kühner ont réuni une riche collection d'exemples; toutefois je crois qu'il faut faire un certain nombre de corrections de détail à l'exposé qu'ils donnent de la question. Je considérerai d'abord l'emploi du réfléchi dans la proposition simple, puis l'emploi du réfléchi dans la phrase complexe, c'est-à-dire l'emploi du réfléchi dans les propositions subordonnées.

A. Le réfléchi dans la proposition simple.

§ 26. Le réfléchi marquant naturellement le retour d'une action sur le sujet d'où elle part, on l'emploie avant tout, dans la proposition simple, pour renvoyer au sujet grammatical de cette proposition; il est inutile d'en citer des exemples.

1. Kühnast, p. 87 et suiv. Dräger, 27 et suiv. Gossrau, 379 et suiv. Kühner, II, p. 436 et suiv.

2. Parfois aussi, dans des passages qui seraient importants pour éclaircir la question, le texte est douteux.

Le réfléchi peut ensuite renvoyer à un sujet logique, c'est-à-dire à un mot qui, sans être au nominatif, représente cependant, au point de vue logique, la personne qui est l'auteur ou le sujet de l'action dont l'idée est contenue dans la proposition. Cet emploi du réfléchi se rencontre dans les cas suivants :

a) Avec un verbe impersonnėl. Par exemple 10, 7, 7 jam ne nobilitatis quidam suæ plebejos pænitere 1. Le verbe pænitet n'a pas de sujet grammatical; le nom de la personne qui se repent est le sujet logique.

b) Avec un infinitif, un gérondif ou un participe. - Ainsi, dans le passage 2, 24, 5, « neque patribus satis decorum per metum potius quam postmodo voluntate afflictis civium suorum fortunis consuluisse,» per metum... consuluisse est une proposition secondaire abrégée, équivalant, par exemple, à si... consuluerint, et il est tout naturel qu'en pareil cas le réfléchi renvoie au sujet logique de la proposition qui est abrégée, puisque, si elle n'était pas abrégée, ce sujet logique en serait le sujet grammatical.

Infinitif. — 3, 19, 8 Latinos ne pro se quidem ipsis.. attingere arma passi sumus.

4, 34, 5 jussoque magistro equitum abdicare se magistratu.

38, 48, 11 cum aliis pro dignitate imperii vestri coactis luere peccata

sua.

27, 3, 2 milites... sibimet ipsos tecta militariter coegerat ædificare 2. Gérondif (ou part. en -ndus). 30, 3, 10 principum quoque signa fluctuari cœperant vagam ante se cernendo (= cum cernerent) aciem.

38, 14, 8 veniendique ad eum tyranno potestatem et copiam loquendi ac purgandi se faceret. Il faut remarquer ici que, la proposition secondaire abrégée étant rapportée au sujet logique, tyrannus, T.Live a pu renvoyer par eum au sujet grammatical de toute la proposition 3. Nous avons ici un premier exemple d'un conflit qui se présente souvent, dans la question de l'emploi du réfléchi, entre le sujet grammatical et le sujet logique. La plupart du temps, dans les phrases qui donnent lieu à un conflit de ce genre, on peut employer soit le réflé

1. Dans ce chapitre, les citations non précédées d'un nom d'auteur sont des citations de T.-Live.

2. Cf. Lex Julia de l'an 709 (C. I. L., I, 206), 32 : « quemquomque ante suum ædificium viam publicam h. 1. (= hac lege) tueri oportebit.» Cic., de leg., 1, 13, 39 << sibi autem indulgentes.... in hortulis suis jubeamus dicere », etc.

3. Du reste, toute la proposition faisant partie d'un discours au style indirect. on peut dire aussi que ad eum remplace, selon la règle, ad te du style direct (voy. plus loin, § 40, B).

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