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numquam... desitum belli exspectatione celebrari nomen » («< ce fait que son nom, etc. »).

§ 52. Quand l'infinitif n'a pas le sens passif, mais le sens moyen, on emploie en latin la forme active du parfait de cœpi ou de desino; certains infinitifs, dont le sens passif est très effacé, peuvent être construits, soit avec cœptus sum, desitus sum, soit avec cœpi, desii, suivant qu'on veut les considérer comme des passifs ou des moyens.

Dans deux cas tout à fait semblables, Cicéron et Salluste disent en parlant, l'un de l'orateur Pison, l'autre de Marius : « is, cum satis floruisset adulescens, minor haberi est cœptus postea» (Brut., 67, 236); «< postquam tantam rem Marius sine ullo suorum incommodo [peregit], magnus et clarus antea, major atque clarior haberi cœpit » (Jug., 92, 1). C'est que haberi peut être regardé, soit comme un infinitif passif ( « être considéré comme » ), soit comme une espèce d'infinitif moyen ( « passer pour ») 2.

Voici les exemples de T.-Live que je connais :

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D'une part 22, 4, 4 postquam... pandi (se développer) agmen cœpit. D'autre part 5, 17, 1 ingens inde haberi captivus vates cœptus. De même 40, 37, 1 prodigii loco ea clades haberi cœpta est. Cf. 42, 17, 4 brevi perfamiliaris haberi trahique (véritable passif) magis quam vellet in arcanos sermones est cœptus (entendez: a Perseo). Dans tous ces passages, haberi est traité comme verbe passif, et il est possible que T.-Live ait voulu marquer par là que le sujet logique était distinct du sujet grammatical.

T.-Live dit toujours : « fuga cœpta fieri, colloquia cœpta fieri, cædes fieri cœpta est, » 9, 43, 16. 24, 47, 4. 25, 34, 13. 27, 42, 5. 31, 23, 7, etc. (le sujet logique est le nom des personnes qui fuient, qui s'entretiennent, etc.); ici encore fieri est traité comme un infinitif passif 3. Comparez encore 8, 2, 6 « ab Sidicinis deditio prius ad Romanos cœpta fieri est (sujet logique exprimé), et 9, 42, 7 « postero die, vixdum luce certa, deditio fieri cœpta» (sujet logique sous-entendu).

1. Aux exemples cités par Dräger on peut ajouter: Tér., Eun., 5, 5, 1-3: Ex meo propinquo rure hoc capio commodi:

Neque agri neque urbis odium me umquam percipit.

Ubi satias cœpit fieri, commuto locum.

2. Cic., de off., 2, 8, 27, « desitum est enim videri quicquam in socios iniquum », videri, quoique ne pouvant être considéré ici comme un verbe passif, est construit avec desitum est, comme le serait son synonyme haberi. Il est à remarquer que le sujet grammatical n'est pas le sujet logique; le sujet logique est nobis, qui est sous-entendu : c'est peut-être là ce que l'emploi de la forme passive desitum est sert à marquer.

3. Virgile, Æn. 6, 256-7, « juga cœpta moveri | silvarum », moveri est également un passif: les montagnes ne tremblent pas d'elles-mêmes, c'est une force mystérieuse qui les met en mouvement.

5, 17, 10, « eoque mitescere discordiæ intestinæ metu communi, ut fit, cœptæ » est tout à fait inadmissible et ne peut se justifier par cette considération que mitescere équivaut à leniri: il faut rétablir cœpere, altéré en cœptæ par assimilation aux nominatifs féminins qui précèdent.

§ 53.

IV. CLAUSUS FUI, FUERAM, ETC. 1.

La différence de sens entre clausus sum et clausus fui, clausus eram et clausus fueram, etc., peut être représentée comme il suit :

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T. clausum erat, T. clausum erat, «on avait fermé le « le temple était (se

Plus-que-parfait temple », « d. T. trouvait fermé », war geschlossen d. T. war geschlossen..

worden».

Présent

Imparfait

1. Madvig, Opusc. Acad. alt., p. 218 et suiv., et Lat. Sprachl., 3o éd., p. xii. Kühnast, p. 204 et suiv.

· Dräger, I, p. 276 et suiv. Neue, II, p. 352

et suiv., donne une riche collection d'exemples.

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T. clausum erit, «on aura fermé le

T. clausum erit,
le temple sera (se)

Futur antérieur temple », « d. T. trouvera) fermé

wird geschlossen ||«
worden sein ».

d. T. wird geschlossen sein ».

Futur

T. clausum fue

rit, « le temple aura

été (se sera trouvé) Futur antérieur fermé », « d. T.

wird geschlossen

gewesen sein ».

Et ainsi de suite.

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§ 54. Cette distinction est bien connue; ce qu'il est intéressant de rechercher, c'est jusqu'à quel point elle a été observée par les différents auteurs latins. L'usage ne paraît pas avoir été également sévère pour tous les temps du verbe. J'étudierai la question spécialement pour T.-Live, mais en tenant compte aussi de l'usage des autres auteurs 1.

1. Dans les anciens textes de loi j'ai noté: Lex agraria de l'an 643 (C. I. L., I, 200), XLIV: « adsignatum esse fuiseve joudicaverit. » LVII: «< neive adsignatum esse neive fuise judicato. » LXVIII: «eive quei in colonei numero scriptus est fuitve. » LXXVII : « [quei ex] lege Livia factei createive sunt fueruntve. »

a) Fui.

Au parfait de l'indicatif T.-Live, non plus qu'aucun écrivain de l'époque classique, n'emploie clausus fui pour clausus sum. Il fait partout la distinction qui a été indiquée plus haut: le participe passé joint à fui marque partout, non pas une action passée, mais un état qui a existé dans le passé, tantôt avec l'idée que cet état a cessé, tantôt sans cette idée; dans certains passages le participe a tout à fait pris la valeur d'un adjectif.

1, 19, 3 bis deinde post Numæ regnum Janus clausus fuit (se trouva fermé).

3, 26, 11 navis Quinctio publice parata fuit ( le bateau était déjà tout prêt).

3, 36, 7 aliquamdiu æquatus inter omnes terror fuit.

6, 29, 9 tabulaque sub eo fixa..., his ferme incisa litteris, fuit (il y eut un écriteau, etc.).

7, 3, 5 fixa fuit (lex) dextro lateri ædis Jovis (il y eut un temps où cette loi se trouvait, etc.).

9, 11, 3 restituat legiones intra saltum quo sæptæ fuerunt (où elles se trouvaient enfermées).

10, 19, 14 ab neutra parte satis commode instructi fuerunt.

23, 19, 18 idem titulus tribus signis... fuit subjectus ( la même inscription a existé autrefois, placée au bas de trois statues, etc.).

26, 27, 4 nocte ac die continuatum incendium fuit ( ce fut un incendie qui, etc.).

36, 17, 4 munitiones et locis opportunioribus tunc fuerunt ( il y avait alors, etc.) et validiores impositæ.

38, 56, 3 Literni monumentum monumentoque statua superimposita fuit ( il y eut à Literne, etc.), quam tempestate dejectam nuper vidimus ipsi.

21, 62, 6 et subinde aliis procurandis prope tota civitas operata fuit (pendant quelques jours, toute la ville se trouva occupée, etc.; c'est un état qui dura un certain temps).

40, 59, 7 lanxque... quæ Jovi apposita fuit (qui se trouvait, etc.). 42, 3, 3 naves paratæ fuerunt (des bateaux étaient tout prêts).

44, 6, 9 hic locus ... præsidiis regiis fuit insessus (se trouvait occupé). 3, 24, 10 MRPFU donnent: «... lustrum... decimum conditum (sousent. est). Fuerunt (fuerant D) censa civium capita centum septendecim milia trecenta undeviginti. » Madvig adopte la correction: conditum ferunt. Censa, etc. ». Je garderais fuerunt, en construisant : « censa

Lex Rubria de l'an 705 (Ibid., 205), II, 14 : « sei ... jure lege damnatus esset fuisset. » Lex Julia de l'an 709 (Ibid., 206), 112-113: « queive depugnandei caussa auctoratus est erit fuit fuerit. » 159: « quei lege pl. ve sc. permissus est fuit. » Ces exemples montrent bien qu'on faisait une distinction entre scriptus est et scriptus fuit.

civium capita (sujet) fuerunt (verbe) centum, etc. (attribut) », « le nombre des citoyens inscrits lors de ce recensement fut de cent dix-sept mille, etc. >>

Dans les deux passages 23, 19, 18 et 38, 36, 4 fuit ne doit pas être non plus construit avec le participe; il faut ponctuer : « statua ejus indicio fuit, Præneste in foro statuta; » « supplicatio triduum, pro collegio decemvirorum imperata, fuit in omnibus compitis, » cf. Neue, II, p. 356.

Il reste le passage 45, 23, 6 « neque bonorum sociorum defuimus officio, sed a vobis prohibiti (ms. prohibitio) præstare fuimus. » Ce passage étant tout à fait isolé, il est probable qu'il y a une altération de texte; le copiste, pensant à defuimus qui précédait, aura substitué fuimus au vrai mot; Madvig a proposé nequivimus, Weissenborn non potuimus, Harant «< prohibiti id præ

stare sumus. »

De même chez César, De b. c., 3, 101, 4, « oppidum fuit defensum» n'est pas admissible; fuit est sans doute à supprimer.

Chez Corn. Nép., Ep., 8, 3, on lisait : « Epaminondas a Thebanis morte multatus est quod eos coegit apud Leuctra superare Lacedæmonios, quos ante se imperatorem nemo Bootorum ausus fuit aspicere in acie. » Halm a corrigé ausus sit; en effet ante se prouve que cette proposition représente la pensée d'Épaminondas et la raison pour laquelle il tenait particulièrement à battre les Lacédémoniens; mais le parfait du subjonctif me paraît peu correct et je lirais plutôt : « ausus fuisse]t » *.

D'autre part on ne peut nier que Plaute n'emploie quelquefois fui au lieu de sum; c'était sans doute une façon de parler propre à la langue vulgaire3: Mil., 2, 1, 39-40, « ubi sumus provecti in altum, sicut voluerunt | capiunt prædones navem illam ubi vectus fui », vectus fui n'est peut-être pas pour vectus sum; le sens serait : «<le bateau où je me trouvais comme passager; » mais dans d'autres passages je ne vois pas de différence de sens, entre fui et sum":

1. Pour les passages 21, 50, 5. 30, 26, 9, voy. Neue, II, p. 356.

2. Voy. chez Neue, II, p. 355-356, l'indication de plusieurs autres passages de différents auteurs où on lisait à tort fui.

3. Cet emploi de fui reparaît plus tard chez des auteurs peu corrects, par exemple chez Justin: 12, 16, 7. 18, 3, 2.

4. Neue, II, p. 353, cite d'autres passages de Plaute où fui s'explique très bien, entre autres Most., 4, 3, 2-4, « non equidem in Ægyptum hinc modo vectus fui, sed etiam in terras solas orasque ultumas | sum circumvectus, » où vectus fui paraît désigner une époque déjà passée par rapport à sum circumvectus. Rudens, 1, 3, 33 (37), « libere ego prognata fui maxume, nequiquam fui », on peut croire que l'emploi de fui sert à marquer que cette condition de femme libre qu'elle a eue autrefois par naissance, elle l'a depuis perdue. Cf. Capt., prol. 7

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