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passages de T.-Live. (De leg. agr., 2, 2, 5, on lit aujourd'hui, d'après les meilleurs mss.: « cujus errato nulla venia, recte facto exigua laus... proponitur », au lieu de « cui, errato, nulla venia, recte facto,exigua laus, etc. ») Toutefois, l'on peut citer Tér., Hec., 5, 1, 11 « nam ea ætate jam sum ut non siet, peccato, mihi ignosci æquom, » où peccato est un ablatif absolu impersonnel employé d'une façon très hardie.

Emploi du participe passé passif sans idée d'antériorité 1.

§ 132. Il arrive quelquefois en latin que le participe passé actif ou passif, au lieu de marquer un fait antérieur à celui qu'exprime la proposition principale, marque une circonstance qui accompagne l'action principale. Ceci a lieu surtout: 1° pour le participe passé des verbes déponents, par exemple César, De b. G. 1, 27, 2 «< cum... suppliciter... locuti flentes pacem petissent » (= cum suppliciter locuti essent et pacem petissent); 5, 7, 3 « dies circiter viginti quinque in eo loco commoratus... dabat operam, etc. »; de b. c. 3, 80, 5« cohortatus milites docuit, etc. » 2; 2。 pour le participe passé passif employé à l'ablatif absolu: Cic., p. Arch. 8, 17 « eandem rem dicere commutatis verbis atque sententiis » (ad Att. 7, 21, 2, la ponctuation est douteuse); César, 4, 10, 4 «< in plures defluit partes multis ingentibusque insulis effectis »; T.-Live, 4, 10, 7 « in urbem redit Cluilio ... ante currum ducto », etc. 3. Cet emploi du participe passé à l'ablatif absolu est surtout fréquent chez T.-Live et chez Tacite.

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Il est beaucoup plus rare que le participe passé passif soit employé de même en dehors de l'ablatif absolu, et l'on n'en cite guère d'exemples en prose avant T.-Live. Chez ce dernier l'on trouve :2, 36,1 « servum... sub furca cæsum (remplace le participe

1. Dräger, II, p. 776 et suiv., 793 et suiv.; Lupus, Der Sprachgebr. des Cornelius Nepos, p. 183-184; Kühner, II, p. 566 et suiv.

2. Cf. T.-Live, 24, 5, 12 mentitus, 25, 11, 20 regressus, 25, 40, 11 profectus, exemples qui sont à ajouter à ceux que donne Dräger. Les passages qu'on cite ne sont pas toujours concluants: ainsi Cic., p. Mur., 30, 63, diffisum veut dire « ayant conçu de la défiance », diffidentem voudrait dire « éprouvant de la défiance »; de même veritus peut signifier « ayant conçu de la crainte », gavisus « ayant conçu de la joie », arbitratus « ayant conçu l'idée que.... », etc. (cf. en grec ἀπιστήσας, δείσας, etc.).

3. Aux exemples de T.-Live que cite Dräger on peut ajouter : 22, 29, 14; 41, 6. 25, 3, 11; 34, 6; 36, 7, etc.

4. En fait d'exemples concluants, je n'ai vu citer que Cic., ad fam. 2, 9, 1 « lætor cum præsenti, tum etiam sperata tua dignitate » et César, 5, 35, 5 « tot incommodis conflictati... resistebant ». Chez des poètes, on trouve, par exemple,

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présent passif, que le latin ne possède pas) medio egerat circo 1 »; 30,30, 19 « melior...est certa pax quam sperata victoria»; 23, 1,6 « præ se actam prædam... ostentantes » ; 23,42,6 « per annos [centum] cum populo Romano bellum gessimus nullo externo adjuti nec duce nec exercitu »; 25, 25, 13 « post paucos dies rediit, multis... donis ex Hieronis gaza... donatus» (= rediit et... donatus est), etc.

Emploi du gérondif en -ndo au lieu du participe présent 2.

§ 133. En latin, l'ablatif du gérondif s'emploie d'ordinaire pour marquer une idée d'instrument ou de moyen ( «hominis mens discendo alitur et cogitando »), mais il arrive aussi qu'il indique. simplement une circonstance qui accompagne l'action principale, de sorte qu'il équivaut alors, pour le sens, à un participe présent ou à une proposition avec dum. Cet emploi du gérondif en -ndo n'est pas étranger à Cicéron, voy. Orat. 68, 228 « athletas... videmus nihil nec vitando facere caute nec petendo vehementer, etc. », Part. orat. 14, 50 « mori... maluerunt falsum fatendo quam infitiando dolere » 3, mais il devient beaucoup plus fréquent chez T.Live voy. par exemple 2, 32, 4 « quieti, rem nullam nisi necessariam ad victum sumendo, per aliquot dies... sese tenuere»; 10, 31, 15 « quem pigeat longinquitatis bellorum scribendo legendoque quæ gerentes non fatigaverunt »; 22, 14, 7 « qui modo, Saguntum oppugnari indignando, ... fœdera et Deos ciebamus »; 24, 26, 11 « ne, tyrannos ulciscendo, quæ odissent scelera ipsi imitarentur » ; 25, 40, 6 « ita socios..., ferendo in tempore cuique auxilium, adiit », etc. .

vecti (= vehentes) Virg., Georg. 1, 206, fracti (= qui franguntur) Hor., Od. 2, 14, 14, etc.

1. Cicéron, de div. 1, 26, 55, dit, en racontant le même fait : « servus per circum, cum virgis cæderetur, furcam ferens ductus est », cf. Macrobe, Sat. 1, 11, 3 « servum suum verberatum patibuloque constrictum... per circum egit. »> 2. Dräger, II, p. 846 et suiv.

3. Les exemples cités par Dräger ne me semblent pas du tout concluants; le gérondif y a, selon moi, son sens habituel. De domo, 55, 140, on lit: «< identidem se ipse revocando (= revocans), dubitans, timens, hæsitans », mais il est assez vraisemblable qu'il faut corriger revocans: revocando peut provenir d'une dittographie de la syllabe du.

4. Cf. De b. Afr. 47 « procedendo propiusque hostem accedendo castra communiebat » ; Sall., Jug. 103, 2 (reputando); Cassius chez Cic., ad fam., 12, 13, 3 « qui, spem sæpe transitionis præbendo ne que umquam non decedendo, novissime Corycum se contulit. >>

L'ablatif du participe en -ndus accompagné d'un substantif s'emploie dans le même sens, au lieu d'une proposition avec dum. Voy. par exemple T.-Live, 21, 2, 1 « ita se... in Hispania augendo Punico imperio gessit, etc. », 24, 36, 1 « castris ponendis incompositos ac dispersos », 25, 30, 6 « partibus dividendis ipsi regio evenit, etc.», et souvent ailleurs. Ceci se rencontre déjà dans l'ancienne langue et même chez Cicéron, quoique bien plus rarement: voy. de off. 1, 2, 5 « qui, nullis officiï præceptis tradendis, philosophum se audeat dicere » ;p. Mur. 8, 17 « qui,... Curiis, Catonibus, etc... commemorandis, jacebant » (= dum Curii... commemorantur, tamen jacebant); ad Att. 4, 1, 6 « cum... plausum meo nomine recitando dedisset. »

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Construction des périodes 3.

§ 134. On admire avec raison la construction savante de la période chez T.-Live. Toutefois certaines de ses périodes ont quelque chose d'artificiel et de lourd, parce que deux idées qui auraient dû former deux phrases distinctes sont réunies d'une façon peu naturelle en une seule. Madvig cite comme exemples: 1, 7, 5 «< ibi cum eum cibo vinoque gravatum sopor oppressisset, pastor accola ejus loci, nomine Cacus, ferox viribus, captus pulchritudine boum cum avertere eam prædam vellet, quia, si agendo armentum in speluncam compulisset, ipsa vestigia quærentem dominum eo deductura erant, aversos boves, eximium quemque pulchritudine, caudis in speluncam traxit» (on attendrait avertere eam prædam concupivit et, etc.); 37, 45, 13 « postquam trajecimus Hellespontum, priusquam castra regia, priusquam aciem videremus, cum communis Mars et incertus belli eventus esset, de pace vobis agentibus quas pares paribus ferebamus condiciones, easdem nunc victores victis ferimus >> (l'enchaînement logique demanderait: pares paribus tulimus condiciones, nunc vero easdem, etc.). J'ai noté dans les livres XXI-XXV beaucoup d'exemples semblables (voy., pour plus de détails, éd. Riemann-Benoist, liv. XXI-XXII, p. 250, liv. xxIII-XXV, p. 372) :

1. Les Allemands appellent le gérondif Gerundium et le participe en -ndus Gerundiv; cette ressemblance de noms a l'avantage de marquer la parenté des deux formes.

2. Par exemple Caton, de re rust. 134 «te hac strue commovenda bonas preces precor »; mais les deux exemples de Plaute que cite Dräger, p. 849, ne me semblent pas concluants: l'ablatif y signifie « à force de.... »

3. Madvig, Kleine philologische Schriften, no 5, p. 359-360; cf. Grysar, p. 15.

21, 14, 2; 29, 5-6. 22, 7, 5; 20, 7-9; 26, 1-2. 23, 10, 11-12; 38, 12; 43, 9. 24, 17, 7; 20, 11; 29, 6; 44, 10; 47, 13. 25, 1, 10; 23, 11-12; 24, 8-10, etc. De même encore la période 1, 6, 1, qui est souvent citée comme un modèle de période historique, me semble trop chargée; elle cût gagné à être coupée (pubem Albanam... avocavit deinde, ubi juvenes, etc.). L'art un peu compliqué de T.Live reste ici bien au-dessous de l'ampleur pleine d'aisance de la phrase cicéronienne et de la savante simplicité des périodes de César 1.

Participe passé d'un verbe déponent employé à l'ablatif absolu et accompagné d'un complément 2.

§ 135. - Enfin il est à remarquer que la prose classique évite d'employer à l'ablatif absolu le participe passé d'un verbe déponent accompagné d'un complément casuel; T.-Live au contraire dit: 23, 26, 2« Scipionibus inter se partitis copias », 23, 39, 5 « trangresso Volturnum Fabio », voy. encore 1, 29, 6. 4, 44, 10; 52, 4: 53, 1. 30, 25, 5. 36, 2, 6. 37, 12, 8. Cet emploi se retrouve chez les écrivains de l'époque impériale; avant T.-Live on cite un exemple de Salluste: Jug. 103, 7 « Sulla omnia pollicito.»

1. Toutefois l'on trouve déjà chez Cicéron lui-même des périodes construites suivant ce procédé un peu artificiel : ainsi, p. Arch. 3, 6, l'enchainement logique demanderait: « Lucullos vero... et totam Hortensiorum domum devinctam consuetudine tenebat; quapropter ab omnibus afficiebatur summo honore, etc. »> 2. Dräger, II, p. 796-7; J. H. Schmalz dans l'Archiv für lat. Lexikogr., I. p. 311-7.

FIN.

P. 8, note 1. Le texte suivant est intéressant, comme témoignage précis prouvant qu'à l'époque impériale certains orateurs employaient dans leurs plaidoyers des tours incorrects d'origine vulgaire: Dial. de or. 32 « ut in actionibus eorum ipsius (mss. ius ou uis) quoque cotidiani sermonis fœda ac pudenda vitia deprehendantur. »

P. 89, b). Aux exemples cités pour l'emploi du participe passé masculin singulier comme substantif on peut ajouter: T.-Live, 3, 56, 13 « quem enim provocaturum, si hoc indemnato (sens indéterminé)... non liceat? », et peut-être 2, 6, 2 « ne se ortum (sens indéterminé, cf. la note 1 de la p. 83)... ante oculos suos perire sinerent » (cf. toutefois, pour le texte de ce passage, p. 137, § 30). P. 130-131 Ajoutez les exemples suivants : Cic., ad fam. 9, 25, 2 « valdeque eum diligo... propter summam probitatem ejus ». Cés., de b. G. 1, 44, 12

«< id se ab ipsis per corum nuntios compertum habere ». P. 133. - Cf. encore Cic., Acad. post. 1, 1, 1 « atque illum complexi... ad suam villam reduximus »(illum... redeuntem ad suam villam comitati sumus). P. 155, note 1. La règle donnée ici n'est pas complète. Je crois qu'on dit toujours per se ipse (et non per se ipsum) pour rendre l'idée de « par lui-même, à lui seul » ; mais il peut se rencontrer des cas où per se ipsum sera demandé par le sens cette expression signifiera alors « par lui-même, et non par l'intermédiaire d'un autre ». Voy. Cic., in Verr. II, 3, 36, 84 « cum agros... per se ipsum (var. pulsum), hoc est, per Apronium, Verrem alterum, depopularetur ». De or. 2, 3, 11 « qui prudentiam rationemque dicendi per te ipsum, usum autem per nos percipere voluisti ».

P. 175-6.

Il est à remarquer que, dans presque tous les passages qui sont cités à cet endroit pour l'emploi de quisquam, umquam, etc., dans le sens affirmatif, le pronom ou l'adverbe se trouve dans une proposition relative; dans deux exemples, il se trouve dans une proposition commençant par quotiens ou cum. Je ne connais jusqu'ici que deux exemples en latin où quisquam (ullus) employé avec un sens affirmatif se trouve dans une proposition qui ne commence ni par un relatif ni par une conjonction : Tér., Andr. 2, 6, 3 « æque quicquam nunc quidem (narrat) », et Sén., Ep. 47, 3 « magno malo ulla voce interpellatum silentium luitur. » Dans le passage suivant on peut trouver une idée négative: Ep. 101, 7 « quid autem stultius quam mirari id ullo die factum quod omni potest fieri? » (cf. Tac., Ann., 11, 27 « fabulosum visum iri, etc. »). Page 175, note 2. Au lieu de De brev. vit., 42, lisez : De brev. vit., 4, 2. P. 202. — Malgré le témoignage d'A.-Gelle, l'emploi du verbe augere comme intransitif me paraît fort douteux : auxi, qui se rencontre encore dans le même sens chez Salluste, Orat. Phil., 6, et chez Pline, Hist. nat., 36, § 121, peut venir de augesco, qui a toujours la signification intransitive. Forcellini cite encore Lucrèce, 2, 1163, Catulle, 64, 325, Tacite, Annales, 4, 41, mais dans le premier de ces trois passages les mss. ont parcunt fetus augentque labore (et non labores), c'est-à-dire « arva augent fetus suos labore nostro », dans le second on lit aujourd'hui decus eximium (s. ent. Emathiæ) magnis virtutibus augens (= tu qui auges), dans le troisième enfin augere, que donne le Mediceus, se corrige aisément en augeri.

P. 246. Cf. encore Suétone, Ner. 57 « cum... exstitisset condicionis incerta, qui se Neronem esse jactaret. >> Tac., Hist. 1, 10 « (tà) palam (= quæ

palam erant) laudares, secreta male audiebant. >>

P. 263, note 1, fin, lire: 1, 27, 3. 3, 111, 1.

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