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DE LA ΜΕΛΑΝΙΠΠΗ ΔΕΣΜΩΤΙΣ D' EURIPIDE.

Les lecteurs de cette Revue connaissent déjà, d'une manière générale, le morceau inédit d'Euripide que M. F. Blass a découvert sur un feuillet de parchemin provenant d'Égypte : j'en ai indiqué le sujet dans le dernier cahier de cette Revue, p. 8-9. Depuis, M. Blass en a publié le texte dans le dernier numéro du Rhein. Museum für Philologie, p. 290 et suiv. Comme j'ai contribué pour ma part à la restitution de ce morceau, il me sera permis de le publier ici à mon tour.

Un messager raconte à la reine Théano le mauvais succès de l'attentat dont elle avait confié l'exécution à ses frères. Pendant une chasse, ils devaient attaquer, par trahison, deux jeunes héros, Beotos et Lolos, qui jusqu'ici avaient passé, à tort, pour fils de Théano et du roi Métapont, et dans lesquels on reconnaîtra plus tard les enfants de Neptune et de Mélanippe. Les frères de Théano se sont mis en embuscade avec leur suite, et le fragment commence au moment où l'un des deux jeunes gens a failli être atteint par un trait qu'une main cachée avait lancé contre lui.

Le feuillet ayant été déchiré obliquement, la fin des vers se trouve plus ou moins mutilée au recto, le commencement des vers au verso. Il s'agissait de trouver des compléments probables et, en deux endroits, de corriger la partie conservée du texte. Après l'avoir examiné de nouveau, voici comment je propose de le constituer :

Recto.

« Τίς ἦν ὁ [τυφλὸν τόδε βέλος] μεθεὶς ἐμοί ; »
Ὡς δ ̓ οὐκ ἐφαινόμεσθα, σίγα δ ̓ εἴχομεν,
πρόσω πρὸς οἶμον πάλιν ὑποστρέψας πόδα
χωρεῖ δρομαίαν, θῆρ ̓ ἑλεῖν πρόθυμος ὤν·
5 βοᾷ δέ . Κάν τῷδ ̓ ἐξεφαινόμεσθα δὴ
ὀρθοσταδὸν, λόγχαις ἐπείγοντες φόν[ον.
Τὼ δ ̓ εἰσιδόντε δίπτυχον θείοιν κάρα
ἥσθησαν, εἶπόν θ'· « Εἶα, συλλάβεσθ ̓ ἄγρα[ς·
καιρὸν γὰρ ἥκετ' »· οὐδ ̓ ὑπώπτευον [δόλον,
10 φίλων προσώπων εἰσορῶντες ἔ[μματα.

Οἱ δ ̓ εἰς τὸν αὐτὸν πίτυλον ἤπειγ[ον δορός,
πέτροι τ' ἐχώρουν χερμάδες θ ̓ ἡ[μῶν πάρα

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ἐκεῖθεν, οἳ δ' ἐκεῖθεν. Ὡς δ' ᾔε[ι μάχη
σιγή τ' ἀφ ̓ ἡμῶν, γνωρίσαντ[ε δὴ τὸ πᾶν
15 λέγουσι · « Μητρὸς ὦ κασίγνη[τοι φίλης,
τί δρᾶτ' ; ἀποκτείνοντες οὓς ἥκιστ' ἐχρῆν
φωρᾶσθε · πρὸς θεῶν, ὁρᾶτ[ε μὴ τὰ μὴ θέμις. »
Σὼ δ ̓ αὐταδέλφω χερμ[άδ' αἴρουσιν χεροῖν,
λέγουσί θ', ὡς ἔφυσα[ν ἐκ δούλης ποθέν,
20 κοὐ δεῖ τύρανν[α σκήπτρα καὶ θρόνους κρατεῖν
πρεσβει' ἔχοντ[ας δυσγενεῖς τῶν εὐγενῶν.
Κάπειτα δ ̓ εἰς.

V. 3. πрos auтоv ms. Il est difficile d'entendre ces mots de l'autre frère, quand même ce frère aurait été mentionné plus haut. L'emploi adverbial de l'accusatif féminin poziv ne se justifie pas non plus par un exemple tout-à-fait analogue. J'écris donc pès cipov, et je donne à cov pouziav le sens de vn pop.xix, locution que Xénophon, De Venat. III, 8, oppose à y xotтaïx.

V. 6. oplosтabóv. Il faut croire qu'ils s'étaient blottis sous les broussailles, pour se cacher.

V. 7. J'ai corrigé la leçon dinozav. Cf. Ion, 1010 : Aintuyov δῶρον θεᾶς.

V. 9-10. Les suppléments sont de Blass. Si čupata est la vraie leçon, je ne l'expliquerai pas « aspect » (pour faire ce sens, il faudrait plutôt pz, au singulier), mais « yeux, regards ».

V. 11. Tòv autóv. Ces mots se réfèrent à v. 1 et v. 6 Títukov πίτυλον θερός. Cf. Héracl. 834 : Πίτυλος ̓Αργείου δορός.

V. 12. La petite troupe lance des pierres, après avoir épuisé ses javelines. Les deux chefs en feront autant au vers 18. Le supplément est de Blass.

V. 14. Supplément de Blass.

V. 17. J'avais d'abord proposé àpate μydaμãs tábe. Autre supplément possible : δραθ ̓ ἃ δρᾶν θέμις φίλους.

V. 18. auτabéλçw est bien emphatique. Peut-être aut' adeλçó. Sans parler d'Eschyle, Aristophane s'est servi de la forme ate dans le dialogue iambique (Lysistr. 66) : pourquoi Euripide n'en aurait-il pas fait usage? - Les suppléments de ce vers et du v. 19 sont de

Blass.

V. 20-21. Le texte est trop mutilé pour être restitué avec certitude. Les suppléments n'ont pas d'autre prétention que d'en rendre le sens probable.

V. 21. Il reste encore quelques lettres des trois lignes suivantes. On ne peut déterminer le nombre des lignes qui manquent en bas

du recto et en haut du verso. Notre texte nous transporte à la fin d'un combat dans lequel succombe l'aîné des frères de la reine.

Verso.

Ἔσφηλέ τ ̓ εἰς γῆν [καὶ πνοὰς ἀ][εί]λετο·
ἡμῶν δ' ἐχώρει χωρὰ πρὸς γαῖαν βέλη.
Δ]υοῖν δ' ἀδελφοῖν σοῦν τὸν αὖ νεώτερον
λ]όγχη πλατεία συοφόνῳ δι ̓ ἤπατος
5 παί]σας ἔδωκε νερτέροις καλὸν νεκρὸν
ἐκεῖν]ος ὅσπερ τὸν πρὶν ἔκτεινεν βαλών.
Κάντεῦ]θεν ἡμεῖς οἱ λελειμμένοι φίλων
θᾶσσον] πόδ ̓ ἄλλος ἄλλοσ ̓ εἴχομεν φυγῇ
ὁρῶ δὲ τὸν μὲν ἔρεος λίμῳ φόβη
10 πτώσσον]τα, τὸν δὲ πευκίνων ἔζων ἔπι·
οἱ δ' εἰς φάρ]αγγας δύνον, οἱ δ' ὑπ ̓ εὐσκίους
πέτρας καθ]ίζον. Τώ δ' ὁρῶντ ̓ οὐκ ἠξίουν
δούλους φονεύειν φασγάνοις ἐλευθέροις.
Τοιάνδε μοι]ραν σῶν κασιγνήτων κλύεις.
15 Ἐγὼ μὲν οὖν οὐκ οἶδ' ὅτῳ σκοπεῖν χρεών
τὴν εὐγένειαν· τοὺς γὰρ ἀνδρείους φύσιν
καὶ τοὺς δικαίους τῶν κενῶν δοξασμάτων,
κἂν ὦσι δούλων, εὐγενεστέρους λέγω.

V. 1. [τὸν βίον τ' ἀ]ε[εί]λετο Blass.

V. 5. Le supplément est de Blass.

V. 6. Blass écrit Βοιωτὸς ὅσπερ, en supposant que le messager avait raconté plus haut la mort de l'aîné des frères de Théano sans nommer son vainqueur. Cela me paraît peu probable.

V. 7-8. Sont donnés avec les suppléments de Blass.

V. 9. J'aime mieux ὁρῶ que εἶδον, que j'avais proposé d'abord. · Ορεος ὑλίμῳ φόβῃ. Cf. Bacch. 1138 : Ὕλης ἐν βαθυξύλῳ φόβῃ. V. 10. κρυφθέντα Blass. — Πευκίνων ἔζων ἔπι. Cf. Bacch. 1070 : Ἐλατίνων ἔζων ἔπι.

V. 11. Peut-être φάραγγ ̓ ἔδυνον. ΦΑΡΑΓΓΑ ΔΥΝΟΝ ne se distingue presque pas de ΦΑΡΑΓΓΑ ΔΥΝΟΝ. Les suppléments de ce vers et des trois vers suivants sont de Blass, si ce n'est qu'il écrit πέτρους.

V. 15-18. Le parchemin ne porte que ces quatre fins de vers : ΟΙΔ' ΟΤΩΙΣΚΟΠΕΙΝΧΡ. ΩΝ — ΓΑΡΑΝΔΡΕΙΟΥ ΦΥΟΝ Υ ΝΚΕΝΩΝ ΔΟΞΑCΜΑΤΩΝ - ΕΣΤΕΡΟΥ(ΛΕΓΩ. Mais les quatre vers se trouvent au complet, avec l'indication de la pièce dont ils sont tires, dans Stobée, Flor. 86, 9. Sauf la faute cis' όπως δὴ

XORT, la leçon y est bonne, et l'on voit maintenant combien étaient vaines les conjectures de Heimsoeth que Nauck a citées dans sa petite édition. Kevv dcxquátov. Cette locution se reΚενῶν δοξασμάτων. trouve dans Électre, v. 383, où cependant elle ne désigne pas, comme ici, des personnes. Κἂν ὦσι δούλων, quand meme ils seraient nés d'esclaves.

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Après la fin de ce récit, le manuscrit a conservé les dernières lettres de six vers, que M. Blass répartit, avec probabilité, entre le chœur et Théano. HENRI WEIL.

HOMÈRE, ILIADE, XII, 49.

Ὣς Εκτωρ ἀν' ὅμιλον ἰὼν εἰλίσσεθ', ἑταίρους
τάφρον ἐποτρύνων διαβαινέμεν. Οὐδέ οἱ ἵπποι
τόλμων ὠκύποδες· μάλα δὲ χρεμέτιζον ἐπ' ἄκρῳ
χείλει ἐφεσταότες.

Que veulent dire les mots οὐδέ οἱ ἵπποι τόλμων ὠκύποδες? Les éditions que j'ai consultées ne donnent ni variante ni explication, comme si ce passage était clair. J'avoue qu'il est pour moi d'une obscurité profonde. Hector exhorte ses compagnons d'armes à passer le fossé qui entoure le camp des Achéens; mais ses chevaux n'osent le franchir. D'après l'usage constant d'Homère, il ne me semble pas possible d'entendre ces mots autrement: est un pronom personnel se référant à Hector. Aussi un scholiaste dit-il avec raison que le chef troyen demande aux autres ce qu'il ne peut faire lui-même : αὐτὸς δὲ ἀδυνατῶν τοὺς ἄλλους προτρέπεται. Voilà, en effet, le sens de ces vers, à prendre le texte tel qu'il est. Cependant le poète a voulu dire autre chose : il nous montre tous les chevaux troyens qui s'arrêtent effrayés sur le bord du fossé : l'ensemble du morceau ne peut laisser de doute à ce sujet. Pour faire ce sens, il suffira d'ajouter une lettre et d'écrire :

Οὐδέ τω ἵπποι

τόλμων ὠκύποδες.

Cf. I, 299 : Οὔτε τῳ ἄλλῳ. XII, 328 et XIII, 327 : 'Ηέ τῳ εὖχος.

HENRI WEIL.

CONTENANT DES LETTRES DE SÉNÈQUE

La bibliothèque Laurentienne possède un important manuscrit (Plut. LXXVI, 40) qui ne parait pas avoir servi aux éditeurs de Sénèque.

Il est pourtant décrit dans le Catalogue de Bandini (t. III, p. 111112) « Codex membran. ms. in-4° fere quadrato, s. XI, vere insignis cujus tituli Epistolarum rubris et majoribus litteris ad illas Virgilii Medicei ferme accedentibus exarati sunt. Constat foliis 68. In Catalog. Montf. sub num. XXXIII. » Comment peut-il se faire que Fickert, qui a décrit tant de mss. italiens, allemands et français d'une importance secondaire', ait passé sous silence un manuscrit aussi respectable?

Un rapide coup d'œil jeté sur ce manuscrit m'a convaincu de sa haute valeur. Il est plus ancien et plus important encore que ne le faisait supposer la description alléchante de Bandini. C'est un volume de 68 feuillets de parchemin, hauts de 290 millimètres, larges de 225, c'est-à-dire presque carrés, en belle écriture caroline de la fin du IXe siècle ou du commencement du xe (le fo 68 et dernier n'est écrit que d'un côté). Il ne contient que 65 lettres de Sénèque à Lucilius, divisées par livres, comme l'avait déjà noté Bandini.

J'ai collationné seulement les passages que j'avais discutés dans la Revue de Philologie (nouv. série, t. I, p. 105-112). Très souvent le Laurentianus LXXVI, 40 offre les mêmes variantes que le Paris. 8540 (p), considéré comme le meilleur manuscrit de la première partie des lettres de Sénèque; d'autres fois il est d'accord avec le Paris. 8658 A (P).

Epist. 9, 2 referre (et au-dessus, aliter ferre); 3 oculum vel oculos; 16 posset. Miramur 17, 4 differs; 5 illius... quod; 9 nihil refert 18, 2 illas; 11 et] om. - 19, 7 successus..... 25, 6 alicuius 30, 1 aetati (une

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1. L. Annaei Senecae ad Lucilium epist. moral. libri xx. Rec. Car. Rud. Fickert, Lips. 1842 (Præf. p. XIV-XXVI).

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