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Une forme qui manque jusqu'ici dans les grammaires, c'est le datif ó1, dont le t. II du C. I. A. fournit plusieurs exemples: η 25, 10 ἐμ] πόλη, no 32, 8 πόλη, no 42, 7 στῆσαι ἐμ πόλῃ, n° 50, 17 (an. 372/1) στησάτω ἐν ἀκροπόλῃ, n° 138, 11 ἐν στή]λῃ ἐν ἀκροπόλῃ, no 162, a, l. 12 (335/4 av. J.-C.); styα év áxponky, et de même Add., n° 115b, 282. Cf. Suppl. du t. I, no 51, 7, 1. 24, ¿v đè Nég óky. Une forme qui se répète ainsi ne saurait être expliquée par une erreur de lapicide. II6 semble être une contraction de l'ancienne forme ionienne ; c'est sans doute une forme particulière à l'ancien dialecte attique, qui, dans la formule toute faite στῆσαι ἐν πόλει (ἀκροπόλει), s'est conservée jusque dans le dialecte attique nouveau. Ce qui parait confirmer cette explication, c'est le datif [p]t qu'on lit C. I. A., II, 90, 8 (Ol 106, 1 selon M. Köhler)pappath (pour pappa) est à rapprocher de l'ancien nominatif pluriel attique Bacis, qui est une contraction de la forme ionienne Bacλes, et du génitif ionien oizños, qui se lit, comme on sait, dans un fragment des lois de Solon cité par Lysias, Κατά Θεομνήστου Α ́, § 19.

9. Quam suivi du subjonctif après un comparatif.

Varron, De re rust., I, 51, 1 : « Aream esse oportet in agro, sublimiori loco quam perflare possit ventus*.

Cicéron, In Verr. II, iv, 34, 76: « Quicquid erat oneris... Segestanis praeter ceteros imponebat, aliquanto amplius quam ferre possent. »

Nepos, Paus., III, 2 : « Epulabatur more Pers? um luxuriosius quam qui aderant perpeti possent. » Att., I, 5 : « Clariusque exsplendescebat quam generosi condiscipuli animo aequo ferre possent ».

Comment s'explique ce subjonctif, possit, possent? Toutes les

1. M. Köhler a évidemment eu raison d'écrire nó, et non móλŋï.

2. La forme ordinaire, óhet, se lit n°45,5. 47, 15. 86, 15. 89, 16. 114, A, 15. 115,21. 124, 23. 136,2. 147,8. 157, 1, etc.

3. Пр¤μμzτei no 18,23. 86, 17. 87, 19. Cf. Suppl. du t. I, no 51, f, 21.

4. Ce passage, cité par Kühner, est peu concluant pour l'emploi du subjonctif dont il s'agit, puisque possit dépend d'une proposition infinitive; toutefois je crois qu'on pourrait dire de même; area est sublimiori loco quam perflare possit

ventus ».

grammaires latines que j'ai à ma disposition, Zumpt, 12e éd., § 560 Anm., Schultz, 7 éd., § 371 Anm. 4, Gossrau, 2e éd., § 418, 3, Kühner, t. II, p. 857, Anm. 7, Lupus, Der Sprachgebrauch des Cornelius Nepos, § 76, 3, Dräger, Historische Syntax, t. II, p. 502 (cf. p. 624-5), se contentent de dire que quam est mis pour quam ut (major quam ut, « trop grand pour... »). Cette explication ne supprime point la difficulté : comment quam tout seul peut-il avoir le même sens que « quam ut » ou « quam qui »? voilà ce qu'il faudrait dire, et ce que les grammairiens ne disent point.

C'est confondre deux cas grammaticaux tout dissemblables que de venir à ce propos, comme le font Lupus, Dräger, Kühner, parler de la construction de potius quam avec le subjonctif; cette construction n'a évidemment rien de commun avec celle qui nous occupe1.

Dans la Revue de l'Instruction publique en Belgique, t. XVIII, 5e livr.2, j'avais proposé de prendre ces subjonctifs, possim, possem, dans le sens conditionnel : « Amplius quam) ferre possim, possem », « plus que je ne pourrais, que je n'aurais pu supporter (même si je le voulais, même si je l'avais voulu3). » Cette explication me semble aujourd'hui confirmée par les deux passages suivants, où quam, suivi ainsi du subjonctif, ne peut pas se traduire par « trop pour », et où le sens conditionnel du subjonctif me paraît évident : Cicéron, Orat., 40, 139 : « saepe etiam rem dicendo subiciet oculis; saepe supra feret quam fieri possit (qu'elle ne pourrait être réellement). » Suétone, Galba, 14 « modo remissior ac neglegentior quam conveniret (= qu'il n'eût convenu) principi electo ».

Dans tous ces passages, il pourrait y avoir aussi, sans grande différence de sens, l'indicatif : « Segestanis imponebat, aliquanto amplius quam ferre poterant, etc. » O. RIEMANN. /

1. Potius quam est suivi du subjonctif, parce qu'il est question en pareil cas d'une chose qu'on veut empêcher, qui ne doit pas avoir lieu; il y a l'idée d'une intention.

2. M. Dräger semble avoir adopté mon explication dans la 2° éd. du t. I de sa Syntaxe historique, v. p. 299, 1. 9.

3. Cf., pour ce sens de possem, Dräger, Hist. Synt., 2' éd., t. I, p. 299. — On sait que l'imparfait du subjonctif latin peut fort bien avoir le sens du conditionnel passé; entre l'imparfait et le plus-que-parfait du subjonctif, le latin fait en pareil cas la même différence de sens qu'entre l'imparfait et le parfait de l'indicatif dans les propositions affirmatives: Cicéron, Orat. 9, 29 : « qui (Pericles) si tenui genere uteretur, numquam... fulgere, tonare, permiscere Graecíam dictus esset (quia non tenui genere utebatur, ideo dictus est) ». T.-Live, II, 56, 14 « ni let contio omnis atrox coorta... esset et concursus... fieret (contio coorta est et con-b cursus fiebat), Même règle en grec pour l'emploi de l'imparfait avec av dans le sens du conditionnel passé.

....

Appien, Guerres civiles, II, 82, s. fin.

Κράστινος λοχαγός, ὃν Καίσαρ μὲν ἐξιὼν ἐπὶ τὴν μάχην ἤρετο ὅ τι προσδοκῴη, ὁ δὲ λαμπρῶς ἀνεβόησε « Νικήσομεν, ὦ Καῖσαρ, κἀμὲ ἡ

ζῶντα ἡ νεκρὸν ἀποδέξῃ. »

Il faut ponctuer de la façon suivante : Ὁ δὲ · « Λαμπρῶς », ἀνεβόησε, « νικήσομεν, ὦ Καίσαρ κτλ.

Sans doute λαμπρῶς ἀναβοάν n'a rien de choquant. On pourrait en rapprocher de nombreux textes, tels que le suivant : Καὶ τὸν βεβιωμένον αὑτῷ βίον αὐτίκα δὴ μαλ ̓ ἐρεῖ λαμπρᾷ τῇ φωνῇ (Démosthène, Ambassade, § 199, p. 403).

Mais il ne faut pas perdre de vue que ce texte d'Appien dérive, comme l'a récemment démontré J. C. Vollgraff (Greek writers of roman history: Some reflections upon the authorities used by Plutarch and Appianus, Leyde 1880, p. 57 sq.) de la même source que les deux suivants de Plutarque: 1 Vie de César, ch. XLIV : Ὁ δὲ Κρασσίνιος (telle est ici l'orthographe de ce nom dans les manuscrits de Plutarque) ἐκτείνας την δεξιάν καὶ μέγα βοήσας « Νικήσομεν, » ἔφη, « λαμπρῶς, ὦ Καίσαρ · ἐμὲ γὰρ ἡ ζῶντα τήμερον ἡ τεθνηκότα ἐπαινέσεις » 2ο Vie de Pompée, ch. LXXI : Ὁ δὲ τὴν δεξιὰν προτείνας ἀνεβόησε • « Νικήσεις λαμπρῶς, ὦ Καῖσαρ · ἐμὲ δὲ ἡ ζῶντα τήμερον ἡ νεκρὸν ἐπαινέσεις. »

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CH. G.

Varron, De lingua latina, 7, 3 Mueller.

« Quare quor scriptoris industriam reprehendas qui herois tritauum, atauum non potuerit reperire, quom ipse aui, tritaui matrem non possis dicere? >> Rétablir la leçon des vieilles éditions, religuée en note par Spengel (1826) et non mentionnée par O. Mueller (1833) : tui tritaui.

L. HAVET.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

Avis. Ce bulletin a avant tout pour but de faire connaître à nos lecteurs, aussitôt que possible, les publications nouvelles qui paraissent dans le domaine de la philologie classique. En général nous ne pouvons qu'annoncer; le temps nous manque pour apprécier. Nous inserons pourtant les comptes-rendus dont les auteurs ont eu le temps d'examiner et par conséquent de juger. Une simple annonce sans appréciation n'implique donc pas une opinion défavorable sur l'ouvrage qui en est l'objet.

Salomon REINACH, Manuel de philologie classiq e d'après le 'Triennium philologicum' de W. Freund et les derniers travaux de l'érudition. Paris (Hachette, 1880. vI-405 p. in-8°. Prix 7 fr. 50.

Ce livre est une sorte d'encyclopédie des sciences philologiques, présentée sous forme d'un résumé accompagné de renvois aux ouvrages et aux recueils où il est traité des matières que M. Reinach a passées en revue. Il est impossible qu'il ne se glisse pas d'erreurs dans un travail aussi étendu, qui embrasse des sujets aussi variés. Il n'y faut pas moins reconnaître un travail immense, fort utile pour orienter ceux qui commencent et pour fournir à ceux qui sont avancés dans la science des indications de sources qui ont pu leur échapper, et même qu'ils ignorent dans les parties de la science qu'ils n'ont pas approfondies.

PHILOLOGIE GRECQUE.

Auteurs grecs.

Hérodote, Morceaux choisis publiés et annotés par Éd. TOURNIER, maitre de conférences à l'école normale supérieure. Quatrième tirage. Paris, Hachette. 1880, xxv et 295 p. petit in-8°. - Prix: 2 fr.

Nous avons peu d'éditions classiques aussi bien faites que celles de ces morceaux choisis d'Hérodote, qui convient si peu à l'usage des classes. M. Tournier a établi le texte avec le soin le plus scrupuleux. Il ne s'est pas contenté de reproduire le texte le plus autorisé; il y a introduit des corrections, non-seulement dans les passages gâtés, qu'on ne peut restituer sûrement, et qu'on ne peut pourtant faire expliquer en cet état dans les classes, mais encore là où des fautes avaient passé inaperçues. Dans ce quatrième tirage, il a corrigé le texte en trois endroits: I, 37 (p. 15) au lieu de Jooxv νῦν δέ... il substitue εὐδοκιμέειν, νῦν δή... en entendant τὰ κάλλιστα... comme un relatif, & x. t. . Je préfère le texte vulgaire, qui me paraît plus vif. 1, 132. Au lieu de τὰ κρέα. Διαθέντος δὲ αὐτοῦ... il lit τὰ κρεάδια. Θέντος δὲ αὐτοῦ, ce qui semble plausible. I, 161. Au lieu de ús de otpatηyrolls aútñs, yλδὲ στρατηγήσεις αὐτῆς, γλί χεαι il lit ὡς δὲ στρατηγῆσαι αὐτῆς γλίχεαι en faisant dépendre la proposition de popalves, ce qui semble en effet donner un meilleur sens, CH. TH.

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Index scholarum quæ... in universitate Fridericia Guilelmia Rhenana per menses hibernos anni 1880-1881... habebuntur. Insunt Epicuri ab H. UseNERO recogniti specimen. vin p. in-4°.

M. Usener donne dans ce programme de l'Université de Bonn un spécimen d'une édition des opuscules d'Epicure insérés dans Diogène Laërce. Il a eu à sa disposition des collations de manuscrits meilleurs que ceux qui ont servi jusqu'ici aux éditeurs de ces textes fort maltraités. Il donne comme spécimen le commencement de la première lettre d'Épicure (Diogène, X, 35-44. Voici les principaux changements que l'on remarque au texte de Cobet dans les §§ 35-37 : 35 αὐτοῖς παρεσκεύασα] ἄν τις παρασκευάσαι. τῶν τύπων] τὸν τύπου. 36 ἐπέκεινα] ἐπ ̓ ἐκεῖνα — καὶ ἐν τῇ μνήμῃ τοσοῦτον] ἔν τε μνήμῃ τὸ τοιοῦτον. — τύπῳ ἐμπεριειλημμένων] τύπων εὖ περιειλημμένων. — καὶ πρὸς... συναγομένων supprime. καὶ πάντως ἠκριβωμένου τοῦτο κυριώτατον] τοῦτο κυριώτατον τοῦ παντὸς ἀκριβώματος — χρῆσθαι] χρῆσθαι, έκαστων πρὸς ἁπλᾶ στοιχειώματα καὶ φωνὰς ἀναγομένων, εἰδέναι μὴ δυνάμενον] εἶναι μὴ δυναμένον – 37 παρεγγυώντων] παρεγγυῶν τὸ — ἐγγαληνιζόντων] ἐγγαληνίζων τῷ — ἡμῖν εἰς ἄπειρον ἀποδεικνύωσιν ἡμῖν τη εἰς ἄπειρον ἀποδεικνύουσιν. Ces changements améliorent, comme on voit, sensiblement

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le texte.

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Paléographie.

Die tachygraphischen Abkürzungen der griechischen Handschriften, von Dr. Oskar LEHMANN. (Mit 10 Tafeln in Lichtdruck). Leipzig (Teubner), 1880). vi et 111 pages in-8°. Prix : 8 fr.

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On emploie, pour abréger les mots, des procédés abréviatifs (; pour Osó;, λóyo pour λóyos) et des signes abréviatifs. Les signes abréviatifs peuvent représenter un mot (2 pour xa), un groupe de lettres ( pour o:s), ou même une lettre unique dont la forme est simplifiée ( pour ). Ce sont les signes abréviatifs de l'écriture grecque que M. Lehmann étudie sous le nom d'abréviations tachygraphiques. Les 23 premières pages du livre sont occupées par un exposé de l'histoire de la sténographie chez les Grecs depuis son invention jusqu'au onzième siècle environ, et par la recherche de l'influence exercée par cette sténographie sur l'écriture des manuscrits grecs dite minuscule. Suivent (p. 24-29) de l'empoi des signes abréviatifs, de leur place dans l'écriture, de l'emploi de la barre d'abréviation devant un signe abréviatif, de la réunion des signes abréviatifs avec les esprits et accents. Sont étudiés ensuite les signes abréviatifs de a, e, n, 1, w: ai, du, ou : *, k, τ : αις, αν, αρ, ας, ειν, εις, εν, ερ, ες, ην, ηρ, ης, ιν, ις, οις, ον, ος, ουν, ους, ων, ως ως : les signes des prépositions : puis ceux de ἄρα, γάρ, δέ, ἤγουν, και, ὁμοῦ, őtt, outwg: ceux de différentes formes du verbe dul: enfin des notae mathé maticae, et quelques autres venues de l'astrologie et de l'alchymie. M. L. s'attache à assigner à chaque forme de ces signes une époque avant et après laquelle elle n'a pas été employée : la plupart du temps, il n'y réussit pas mal. Il essaie de faire la distinction entre les signes abréviatifs qui s'employaient exclusivement à la fin des mots, et ceux qui servaient aussi dans le corps des mots; mais il n'a pas vu très clair dans cette question. M. L. a relevé des milliers de formes, qui d'ailleurs étaient connues; il les a groupées, ce qui rendra service à ceux qui rédigeront à l'avenir des manuels de Paléographie grecque. Outre les collections de fac-simile qui ont été publiées dans ces dernières années, M, L. a dépouillé les manuscrits grecs de Dresde, Ils sont peu nombreux et presque sans aucune valeur. M. L. n'a jamais vu d'autres manuscrits. Le secret de la faiblesse de son livre est là. On y recueillera néanmoins, de temps en temps, quelque bonne observation. 06 11 S : CH. GRAUX.^]

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