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» ad te raptim in Aromataria officina exaravi. Bene vale, suavissime mi Stati, » et Proculum tuum, ut semper fecisti, amare perge.

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Tuus ex animo .N.N.N. Thessalonicæ pridie Kal. octobr.

Accipies cum his carmen nostrum in obitum Joannæ Etruriæ reginæ1. »

Enfin dans une lettre adressée à Estaço par Claude Binet, datée de Paris (1er mai 1580), on lit ce qui suit: « Hoc unum etiam » a te expeto ut quas pollicitus es vel Galli poetae vel aliorum » reliquias si quae adinveniri possint, ad nos mittendas cures. » Sparsa enim epigrammata omnia antiqua propediem edi curabi» mus ubi et te et alios qui laborem meum juverint non silentio » praetermittam ingratus. Memini eorum quae de Cassii Parmensis » Orpheo coram Roma dixisti. »

Estaço avait été victime une première fois de son amour pour les fragments antiques. Sertorius Quadrimanus (en italien, Quattromani) lui avait envoyé un fragment prétendu de Cassius de Parme, récemment trouvé dans le Brutium, et il s'était trop empressé de le publier à la suite de son Suétone3; aussi pendant longtemps il a passé pour faussaire'. Barth est, je crois, le premier qui ait cherché à le justifier. Burmann se donna encore la peine de commenter et discuter le texte du Pseudo-Cassius. Meyer s'est heureusement abstenu de reproduire les vers de la fabrication d'Antonio Telesio.

Estaço ne voulait pas sans doute être dupé une seconde fois, et il laissa à d'autres le soin de faire des corrections à un texte dont l'origine n'était pas claire.

Cet inconnu, ce malheureux exilé qui prétend n'avoir pas vu Estaço depuis 42 ans (c.-à-d. depuis 1536, alors que Estaço était âgé de 12 ans) était-il l'auteur des vers de Gallus ou complice ou dupe lui-même ? C'est une question qu'il serait intéressant de résoudre, mais le plus important pour nous est de savoir, non pas les vers sont de Gallus, car aucun philologue sérieux ne l'a jamais pensé, mais s'ils sont l'œuvre d'un ancien ou d'un moderne.

1. Ce poème, conservé dans le même manuscrit (f 6 v et 7) comprend 58 vers dont voici les premiers et les derniers :

Nonus adest mensis, fatalis et appetit hora

Jam vagus Etrusca rumor in urbe sonat.

Dixit et a læva micuere impensius ignes,
Et rutilam visa spargere tela facem.

2. Bibl. Vallicell. B. 106, f° 92.

3. C. Suetonii Tranquilli libri II de Inlustribus grammaticis et claris Rhetoribus, cum Achillis Statii commentatione, etc. (Paris, 1567), p. 61. 4. Voir Fabricius, Bibliotheca latina (chapitre sur Gallus).

5. Anth. lat. t. I, p. 93.

En comparant la copie envoyée à Estaço avec le texte qui se trouve dans Manuce et les éditeurs suivants, on constate qu'entre 1578 et 1590 il s'est trouvé quelqu'un pour chercher à améliorer, au moyen de procédés inavouables, le texte du Pseudo-Gallus. Or, aucun savant du XVIe siècle n'aurait traité de cette façon un fragment antique. Je vais relever entre les deux textes quelques variantes qui prouveront d'une manière péremptoire la fausseté du document soi-disant découvert dans un manuscrit d'Ovide1.

Les leçons du texte vulgaire tentat au lieu de curat (v. 9); deinde horrida, au lieu de dein tristia (v. 15) ne peuvent provenir d'une lecture différente, pas plus que pugnantem au lieu de bellantem (v.27), aspera au lieu de mollia (v. 39), moles au lieu de cautes (v. 41), unda au lieu de ira (v. 42), accenso au lieu de admoto (v. 44), puro au lieu de flavo (v. 49), paene au lieu de velle (v. 60) etc. On peut voir, au contraire, que les changements introduits dans le texte de 1590 paraissent avoir été faits sciemment, afin de rendre la pièce plus digne de Gallus et de mieux tromper les lecteurs.

Mais voici ce qui est décisif. La copie envoyée à Estaço portait (v. 75):

Nunc ferrum erupit, traxitque nocentia secum

Semina, et hinc rabies et fera bella ruunt.
Nunc turbata quies civiliaque arma parantur
Hinc rapior.

Cela s'est trouvé réduit à deux vers en 1590 :

Nunc ferrum erupit rabiesque asperrima ferri

Nunc furor et caedes.

En revanche, on a ajouté en 1590, entre les v. 56 et 57, deux vers nouveaux inspirés d'Ovide (Art. Am. I, 179), et entre les vers 90 et 91, les huit vers suivants :

Tunc me vina juvent nardo confusa rosisque

Sertaque et unguentis sordida facta coma,
Nec dominæ pudeat gremio captare soporem
Surgere nec media jam veniente die.
Si quis amore vacans irriserit, imprecor illi
Ardeat et quid sit, discat, amare senex,

1. Il serait possible, à la rigueur, que ces fragments eussent été tirés d'un ms. d'Ovide, mais d'un ms. semblable au Laurentianus XCI, 26, écrit en 1464, qui contient aussi une épigramme avec le nom de Gallus commençant par Lydia bella puella (Riese, Anth. lat. t. II, præf. p. XLI).

2. Parthe tumens animis et nostra clade superbe Hic quoque Romano stratus ab hoste jaces!

Aussi a-t-on du au vers suivant changer Hic en At.

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Quel rapport paléographique entre ampla petuntur Imperia (v. 81-82) et inclita regna Aut quibus... Marte petuntur opes? Enfin les insectes destructeurs auraient eu la complaisance de changer de place entre 1578 et 1590. Les mots ab inflicto (v. 18), occultos (v. 69), teneam foveamque (v. 89) lisibles dans la copie de 1578 auraient disparu en 1590 tandis que des mots détruits d'abord auraient pu se déchiffrer plus tard, par exemple le v. 46 en entier Et fovet in tacito gaudia certa sinu, puis studiosa figu ras (v. 51), levi (v. 52), Marte petuntur opes (v. 82), Heu male, crede mihi, si quis sua (v. 91) au lieu de demens qui!

Il n'y a qu'un moyen d'expliquer ces variantes fort singulières; l'œuvre du faussaire a été retouchée par un complice, ou par le faussaire lui-même avant d'affronter la publicité. Or, après cette révision, la pièce était encore assez médiocre et indigne même d'un versificateur de la décadence. Inutile de reproduire ici les observations de Scaliger.

Je n'ai rien à dire du tetrastichon (no 915, éd. Riese) qui, placé entre deux inventions modernes, ne doit pas avoir une origine différente1.

2

Quant au no 916, le seul des trois fragments en question qui ait eu l'honneur d'être publié par Burmann et par Meyer, il ne peut pas non plus être antique. Les variantes qu'on relève entre les deux textes sont trop compromettantes. Le nom de Livia répété deux fois (v. 6 et 10) dans la première copie aurait paru trop romain pour désigner une jeune fille de l'Illyrie, et pour donner mieux le change aux lecteurs on y a substitué le nom de Gentia. On a dans le même but inventé un titre contenant les noms barbares de Gentia et de Chloe : « De duabus sororibus, meretriculis ex Illyrio, Gentia et Chloe, quae Romana castra cum matre lena sequerentur. » Enfin on a changé odiis en odio (v.2), ce qui est peu important, mais errantes Illyris en Illyricas certior, ce qui est très grave.

Plusieurs fois, au XVIe siècle, des savants ont commis la mau

1. Le n° 917 doit probablement être sacrifié de même. Absent dans la première copie, il aura été composé entre 1578 et 1590.

2. Il est curieux de voir dans Burmann (t. I, p. 615) la peine prise par des savants pour restituer le texte d'une pièce moderne. Pourtant Scaliger avait dit, à propos du vers Utrius alba magis, etc., qu'il fallait être bien novice pour croire cela écrit par un poète ancien,

vaise plaisanterie d'adresser à leurs confrères des vers de leur fabrication. Le fougueux Muret avait réussi à tromper la sagacité de Scaliger en lui envoyant des vers d'Atta et de Trabéa1. Comme on venait de découvrir que six élégies attribuées à Gallus étaient l'œuvre de Maximianus et qu'il ne restait aucun fragment de l'ami de Virgile, quelqu'un a trouvé plaisant de combler la lacune. En résumé, on pourra encore discuter la question des responsabilités dans cette supercherie littéraire de la fin du XVIe siècle, mais on ne devra plus compter les épigrammes 914-916 dans le bagage de l'antiquité. Terminons en appliquant aux trois pièces la sentence portée par Scaliger sur un vers (916,3): Tironem esse oportet, qui haec a veteri poeta profecta esse credat.

II. Carmen Octaviani Caesaris de Virgilio (no 672).

1

Ce titre semble le plus autorisé par les mss. Outre les mss. cités par Riese, je mentionnerai le Paris. 16236, du xe siècle, lequel porte (fo 4) : « Carmen Octaviani Caesaris de Virgilio »>, et d'une autre main : « ne suus liber incendatur sicut praeceperat moriens ».

Le ms. 16236 offre à peu près les variantes des autres mss. Vs. 6 ductumque — 15 et summa uoluntas (et en marge, aliter et suprema uoluntas) - 18 congestas n. d. laboris - 19 hauserat -20 superbum-21 Erravit in morte - 32 facta (mais c exponctué)33 si uetuisse 34 aeternus.

III. Officia duodecim mensium (no 763, ed. Riese).

Cette pièce, publiée d'après le ms. Paris. 4883 A se trouve aussi dans le ms. du Vatican (Reg. 215) et aurait pu être placée après

le n° 490.

Une correction évidente est fournie au vers 8 par le Reg. 215:

Augustus cererem pronus secat agmine longo,

au lieu de primus. Les mois sont ici tous personnifiés. Je note en outre les leçons suivantes du même manuscrit niveus bruma Januarius arva (v. 1), februarius (v. 2), gratanter aprelis (v. 4),

1. Bayle, Dict. II, 329; L. Quicherat, Mélanges de philologie, p. 263. 2. Op. cit. p. 347.

3. Un manuscrit Mellicensis, de la première moitié du XI° siècle, récemment examiné par M. Schenkl, contient cette épigramme avec le titre : « Carmen octauiani cesari agusti de laudanda arte ac sublimanda (dafirmanda man. 2). — Cf. Wiener Studien, Zeitschr. f. class. Philologie (Supplement der Zeitschrift f. österr. Gymnasien) 1879, p. 64 sq.

per prata virecta (v. 7), septimber (v. 9), octimber (v. 10), bacha novimber (v. 11), decimber (v. 12).

IV. Maecenas (no 779).

Parmi les épigrammes tirées des manuscrits des XII, xш et XIVe siècles, figure une élégie attribuée à Virgile. Le plus ancien manuscrit connu de Ribbeck (ed. Vergil., t. IV, p. 36 sq.) et de Riese est un ms. de Bruxelles du XIIe siècle.

J'ai trouvé cette pièce dans un ms. de Virgile du xe siècle' (Bibliothèque nat. de Paris, no 16236). On lit fo 246 vo: P. VIRGILI MARON MORETVM FINIT. ITEM MAECENAS EIVSDEM INCIPIT. Defleram, etc. Malheureusement le ms. est mutile après le fo 246, et ne contient plus que les 43 premiers vers de Mæcenas.

10 ergo

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Les' variantes que j'ai relevées apportent peu de remède au texte assez fautif de la pièce; ce sont à peu près les leçons du Bruxellensis vs. 3 etiam 5 carina-6 It] Et-8 sed repetitque 11 Fidus 12 et om. 14 romana et tu uigil 15 clarus 19 beritus 21 discunctus eras animo quoque carpitur unum Diluuii hoc nimia - 25 Livida 27 obses 28 Nunc tibi 31 malus erat potuisset-32 maiores - 33 umbrosamque nymphasq. 36 Se super 37 minaei 39 facere.

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-

Le texte adopté aujourd'hui dans certains passages n'a pu être établi qu'au moyen de corrections violentes. Je préférerais2 au vers 22:

Diluis hoc animi simplicitate tui.

V. Épigramme, no 788.

Cette pièce, conservée dans un petit nombre de manuscrits assez récents3, se trouve aussi dans le Paris. 16236 (fo 4) du xe siècle, avec le simple titre Virgilius. Maeonium quisquis, etc. Voici comment on y lit les vers 3-5:

Illius immensos miratur graecia campos,
At minor est nobis, sed bene cultus ager.
Hic tibi nec pastor nec curvus deorit arator.
ÉMILE CHATELAIN.

-

1. Le Mellicensis, cité plus haut, contient aussi (f° 211 v°) les 25 premiers vers de cette pièce, mais sans titre. Le texte y est aussi presque le même que dans B. Cf. Wiener Studien I, p. 65.

2. Je vois au dernier moment et avec un vif plaisir que je me suis rencontré avec M. Baehrens (Poet. lat. minores, Lips. 1879, t. I, p. 127).

3. Elle n'existe pas dans le ms. de Virgile de Hambourg du IX s. (Voir Riese, præf. t. II, p. xxix).

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