Page images
PDF
EPUB

donc en ce temps-là cette partie de son Histoire, ou bien il ajouta ces circonstances après l'événement.

(199) §. CXXXIX. De plusieurs enceintes de murailles. Il y a dans le grec : De plusieurs tuniques de murs. De-là quelqu'un disoit assez plaisamment que le mur d'une ville étoit son habit. Τὸ τεῖχος (α) ἱμάτιον πόλεως.

او

(200) §. CXXXIX. Ou ils auroient éprouvé le même sort que le reste des alliés. Hérodote parle de trois situations, où auroient pu se trouver les Lacédémoniens, si les Athéniens les eussent abandonnés. Cependant ma traduction n'en présentoit que deux. Je l'ai réformée d'après les conseils de M. Coray. De plus, ce Savant corrige raurà au lieu de raïra, qui ne faisoit pas un sens bien clair : ταὐτὰ ἂν ἔπαθον; « ou ils auroient éprouvé le même sort que le reste » des alliés »; c'est-à-dire, qu'ils auroient été vaincus et subjugués de vive force par Xerxès. Le même Auteur, ajoute M. Coray, dit, liv. vIII, S. CVIII, oia Te oras poo§. ἔσται τε χωρῆσαι κατὰ πολιάς τε καὶ κατὰ ἔθνεα, ἤ τοι αλισκομένων γε ἢ πρὸ τούτου ὁμολογέοντων. C'est le même sens exprimé de la même manière, idem sensus, idem orationis color, à cela près qu'il ne fait ici mention que des deux dernières conditions, de se soumettre par la force des armes, ou de traiter avant de combattre. Plutarque, qui a transcrit le passage du septième Livre d'Hérodote, n'a (b) exprimé que deux conditions, la première et la troisième.

προστ

(201) §. CXXXIX. Et ce furent eux, &c. Je soutiens (c) donc que ces hommes (les Athéniens qui combattirent à Marathon) ont été les auteurs de notre liberté et de celle des habitans de ce continent. Les Grecs, instruits par victoire que nous remportâmes à Marathon, et l'ayant toujours présente à leurs yeux, osèrent dans la suite combattre

(a) Eustath. ad Homer. pag. 379, lin. 20.

(b) Plutarch. de Malignitate Herodoti, pag. 864, A. (c) Plat, in Menexeno, tom. II, pag. 240, E.

pour le salut de la patrie. Le premier prix de la valeur leur est dû pour la victoire de Marathon, et le second appartient à ceux qui ont gagné les batailles de Salamine et d'Artémisium.

(202) §. CXL. Armez-vous de courage contre tant de maux. Il y a dans le grec, xaxoïs d'éxixídvate Ovμór, que Valla a rendu, atque malis effundite mentem. Si le sens que j'ai suivi ne plaît point, on peut s'arrêter à celui que suggère Henri Etienne, dans son Trésor de la Langue Grecque, tom. III, pag. 814. La Pythie, dit-il, avertit les Athéniens d'examiner de tous côtés comment ils pourront résister aux maux prêts à fondre sur eux.

(203) §. CXLI. Leur répondit ainsi pour la seconde fois. Cet Oracle étoit l'ouvrage de Thémistocles. « Ce grand >> homme, dit (a) Plutarque, désespérant de persuader le » peuple par des raisons humaines, eut recours à une ma» chine, comme dans les Tragédies, et lui donna des pro» diges et des oracles ».

Ces prodiges consistoient en ce que le serpent, sous la protection duquel étoit la citadelle, avoit disparu. Voyez liv. VIII, §. XLI. Les Oracles étoient ceux qui concernoient l'île de Salamine, et qui sont rapportés tout de suite.

(204) §. CXLI. Ferme, stable, irrévocable. Je lis adaμαντι πελάσσαν, en le faisant rapporter à ἔπος. Qui approche du diamant, qui ressemble au diamant. Il entend par-là un Oracle dont rien ne pouvoit empêcher l'effet. On connoît la dureté du diamant. Le sens est le même que celui de cette expression d'Homère, ἀλλ' ἔκτοι ἐρέω, τόδε και TETEλÉotaι oiw. Voyez les Acta Eruditor. an. 1760, pag. 242. M. Bellanger avoit traduit, une réponse dure comme le diamant.

(205) §. CXLI. Un jour viendra que vous lui tiendrez téte. « ̓́Ετι τοι κοτὲ καντίος ἔσσῃ. On a rendu ce passage en

» latin, vel si tibi fors erit obvius usquam. Prenez la fuite, » quand même l'ennemi se présenteroit un jour pour com→ » battre. Le sens est au contraire, fuyez, un jour viendra » que vous serez en état de lui résister, ávríos "con. Il est » surprenant qu'aucun traducteur n'ait vu que "oon est » une seconde personne, qui doit s'entendre des Grecs à » qui la Pythie parle, et non des ennemis dont elle parle, » et qui sont troisième personne ». BELLANGER.

M. Reiske (a) traduit aussi de même : veniet aliquandò tempus, quo tu ipsi eris ex adverso, ou bien, adversus eris, comme on lit dans les Variantes d'Hérodote. Cette expression se trouve souvent dans Homère.

(206) §. CXLIII. Thémistocles. Il avoit été débauché dans sa jeunesse. « Dans un temps (b) où les Athéniens ne s'a>> donnoient encore ni au vin, ni aux courtisanes, Thémis» tocles passa un jour le matin à travers le Céramique qui » étoit plein de monde, sur un char avec quatre courti»sanes. Idoménée se sert d'une expression amphibologi» que qui peut signifier que ces courtisanes étoient atte» lées au char, ou qu'elles étoient montées sur le char »>. Le même Athénée nomme autre part (c) ces courtisanes Lamia, Scioné, Satura, Nannium. Le Fèvre-Villebrune les appelle élégamment des filles de joie.

Je n'insisterai pas sur les particularités de la vie de ce grand homme. On peut consulter Plutarque. Je me contente de rapporter que forcé de se réfugier auprès du Roi de Ferse, pour se soustraire à la jalousie de ses concitoyens, il aima mieux périr que de porter les armes contre son ingrate patrie. Il mourut à Magnésie (d), âgé de 65 ans. Cette

(a) Miscellan. Lips. Nova, tom. VIII, pag. 485. (b) Athen. Deipnosoph. lib. xII, cap. vIII, pag. (c) Id. ibid. lib. xiii, cap. v, pag. 576, C.

533, D.

(d) Plutarch. in vitâ Themistoclis, pag. 128, A. Diodor. Sicul. lib. xi, S. LVIII, tom. 1, pag. 448.

ville étoit l'une de celles que lui avoit donné Xerxès. Sa postérité jouit toujours dans la suite des temps des plus grands honneurs, et subsista jusque dans des siècles trèsreculés. Plutarque (a) fait mention de Thémistocles, l'un des descendans de cet homme célèbre, avec qui il avoit contracté la plus intime amitié, et qui vivoit plus de 600 ans après le premier de ce nom.

(207) S. CXLIII. Fils de Néoclès. Le père d'Epicure portoit aussi ce nom, et c'est ce qui donna occasion à Ménandre de les joindre dans une même Epigramme.

Χαῖρε (6) Νεοκλέιδα δίδυμον γένος· ὧν ὁ μὲν ὑμῶν
Πατρίδα δελοσύνας ῥύσαθ', ὁ δ ̓ ἀφροσύνας.

« Je vous salue, double race de Néoclès, dont l'un a dé» livré sa Patrie de l'esclavage, et l'autre de la folie ». Grotius a traduit ces deux vers avec son élégance ordinaire.

Salvete, o Neoclis nati duo: quippe per illum

Libera gens Cecropis facta, per hunc sapiens.

On sait que la Philosophie d'Epicure sapoit par les fondemens toutes les religions. Ce Philosophe, qui n'osoit pas violer ouvertement les loix de son pays, ne nioit pas l'existence des Dieux; mais il la rendoit nulle par le fait. Il plaçoit les Dieux dans un intermonde, où ne s'occupant que de leur bonheur, ils ne se mêloient en aucune manière des affaires de ce monde, de crainte qu'il n'en fût altéré. « S'il » y a des Dieux, dit très-bien (c) Lactance, il y à donc >> une Providence. Il n'est pas possible d'avoir une autre » idée de Dieu; c'est une qualité qui lui est propre. Il ne

(a) Plutarch. in vitâ Themistoclis, pag. 128, F.

(b) Analecta Veterum Poetar. Græcor. tom. 1', pag. 203.

(c) Lactantii epitome Divinar. Institution. cap. xxxvi, tom. 11, pag. 25. Cet auteur s'étend beaucoup plus sur ce sujet dans ses Institutions Divines, lib. III, cap. xvII, tom. I, pag. 231 et seq.

» s'occupe de rien, dit Epicure; il ne s'occupe donc pas des >> choses humaines et encore moins des célestes. Comment » pouvez-vous donc affirmer qu'il existe, et comment le » savez-vous? En excluant la Providence divine, vous » auriez dû dire, si vous eussiez voulu être conséquent, » qu'il n'y avoit point du tout de Dieu. Vous l'avez laissé · >> en apparence, et l'avez ôté par le fait ».

(208) S. CXLIII. Si le malheur. Je lis rò mátos avec les manuscrits de Sancroft, de Vienne et de Valla. Dans le manuscrit ▷ de la Bibliothèque du Roi, în lit so exos, et au-dessus, ro άtos. Si l'on aime mieux s'en tenir à la

leçon ordinaire rò

ños, il faut rendre cet endroit : « Si les » vers que la Pythie a prononcés, &c. ».

(209) §. CXLIV. Qui avoient atteint l'âge de puberté. ὀρχηδόν. ópxndór. « L'ancien Curé de Meudon, Rabelais, auroit » rendu cela par un seul mot ».

BELLANGER.

'Opzdov vient de opxis, testiculus. Hésychius explique ce mot, ¿bŋdò», in singulos puberes.

(210) S. CXLIV. Persuada aux Athéniens de ne point faire cette distribution. Plutarque (a) dit que les Athéniens étant dans l'usage de partager entr'eux le produit des mines d'argent de Laurium, Thémistocles osa le premier proposer au peuple de ne point faire cette distribution, et d'employer cet argent à construire des trirèmes pour faire la guerre aux Eginètes. La remarque de Plutarque est juste. Il falloit du courage pour faire une telle proposition à un peuple très-pauvre, et qui trouvoit une grande ressource dans les revenus de l'Etat.

(211) §. CXLIV. Entendant par ces mots la guerre contre les Eginètes. Si cette expression est véritablement de Thémistocles, je crois qu'il s'en étoit servi de dessein prémédité pour désigner d'une manière générale la guerre contre

(a) Plutarch. in Themistocle, pag. 113, C.

« PreviousContinue »