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obscur. La traduction latine sibi cedere cuncta putantem n'est point exacte. Le Savant dont je viens de parler, propose dans ses notes celle-ci : Opinantem ubique se auditum iri, qui me paroît vraie et que j'ai suivie.

(112) §. LXXVII. L'airain se mêlera avec l'airain. Cette expression fait-elle allusion à l'airain dont les proues des vaisseaux étoient armées, ou aux plus anciens temps où les armes étoient d'airain, le fer n'ayant pas encore été trouvé?

Nam (a) prior æris erat quàm ferri cognitus usus.

Ære solum terræ tractabant, æreque belli
Miscebant fluctus, et vulnera vasta serebant....

(113) §. LXXVII. Je n'ose contredire.... et je n'approuve point, &c. Ce seul trait, dit le savant et judicieux M. Valckenaer, suffit pour faire voir qu'en fait d'Oracles, notre Historien, écrivain d'ailleurs si plein de sens, avoit la même maladie que la plupart des autres hommes de son siècle. Mais il prouve en même temps qu'il y avoit déjà des gens plus clairvoyans et moins crédules.

(114) S. LXXIX. Par ostracisme. « Ostracisme est un >> mot grec qui vient d'orpaxov, test de pot de terre ou » écaille. C'étoit un jugement en usage à Athènes, par lequet >> on exiloit ordinairement pour dix ans (pour cinq ans, » selon (b) Diodore de Sicile), ceux qu'on croyoit trop » puissans, et dont on craignoit le crédit et les richesses. >> L'ostracisme (c) fut imaginé par les Athéniens après » qu'ils eurent secoué le joug des Pisistratides; ils se défai>> soient par ce moyen de ceux qu'ils croyoient capables de » détruire le gouvernement populaire.

>> Pour ces sortes de jugemens on fermoit la place pu

(a) Lucret. vers. lib. v, vers. 1,286.

(b) Diodor. Sicul. lib. x1, §. LV, tom. 1, pag. 445.

» blique de planches; on y laissoit dix portes; le peuple » entroit par tribus, et chacun mettoit dans l'urne son » ostracon sur lequel étoit écrit son suffrage. S'il se trou>> voit six mille voix contre l'accusé, il falloit que dans dix >> jours il sortît de la ville. Sans ce nombre de voix il n'étoit » point condamné. L'ostracisme étoit en usage non-seule» ment chez les Athéniens, mais encore chez les Argiens, » les Milésiens, les Mégariens, &c. Thémistocles, Aristides, >> Thucydides, Alcibiades, &c. furent exilés par l'ostra>>cisme. Cet exil différoit du bannissement en trois choses: » il étoit pour un temps, on en assignoit le lieu, et l'on ne » saisissoit point le bien de l'exilé : le bannissement étoit au » contraire perpétuel, on n'en assignoit point le lieu, et le >> peuple confisquoit le bien du banni. Voyez Varinus Pha» vorinus, aux mots ὀστρακίνδα et οστρακισμός. L'ostracisme >> étoit un exil honorable qui, bien loin d'imprimer quel» que tache, faisoit connoître le mérite de l'exilé. On y » procédoit à la pluralité des voix et par autorité, sans un » mûr examen, sans un jugement en forme; il suffisoit pour » être ostracisé qu'on portât ombrage aux jaloux, aux ca» lomniateurs le bannissement au contraire étoit une >> peine imposée par des Juges, après un mûr examen, aux >> coupables de quelque crime qui ne méritoit pas la mort. >> Il imprimoit une tache d'infamie, qui ne s'effaçoit jamais, » pas même par la fin du bannissement, et lorsqu'il étoit » perpétuel, il équipoloit à la mort civile ».

:

BELLANGER.

(115) §. LXXXII. Le trépied. Voyez lib. 1, §. xcII,

note 251.

(116) §. LXXXII. De trois cents quatre-vingts. Æschyle n'en (a) donne que trois cent dix aux Grecs.

(117) §. LXXXIII. On assembla les troupes. “Oi rúaλoyor

(a) Eschyl. Pers. vers. 337, 338.

τῶν

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τῶν ἐπιβατέων ποιησάμενοι. Comme cette phrase paroissoit à M. Wesseling manquer de liaison, il ajoutoit ropówTo. Ce Savant ne faisoit pas sans doute attention que c'est un nominatif absolu pour un génitif absolu. Entre mille exemples de cette façon de parler, je me contente de ceuxεἰ. Καί (α) διαλεγόμενος αυτῷ ἐδοξέ μοι ουτος ὁ ἀνὴρ... «Μ' étant entretenu avec lui, il me parut que cet homme... »).

(β) Σωθεὶς δὲ, παῖδας ἐξ ἐμῆς ὁμοσπόρου

Κτησαμένος, ἣν ἔδωκά σοι

·, ἣν ἔδωκά σοι δάμαρτ ̓ ἔχειν,

Ονομά τ ̓ ἐμοῦ γένοιτ' ἄν.

<< Si vous venez à vous sauver et que vous ayiez des >> enfans de ma soeur, que je vous ai donnée pour épouse, » mon nom pourra se conserver », Zabeis de est pour σoữ sabévros, comme l'a remarqué Josué Barnes sur ce vers. Προσθίγων (c) dans les Chophores est pour προσθίγοντός σε. Les Latins ont dit à l'imitation des Grecs, cæteræ Philosophorum disciplinæ...............eas non modò nihil adjuvare arbitror. Cic. de Finibus, lib. 11, §. 11, où l'on peut voir les notes de Davies.

Et Térence Hecyr. Act, 111, Sc. 1, vers 6.

Nam nos omnes, quibus est alicunde aliquis objectus labos,
Omne quod est interea tempus, priusquam id rescitum est, lucro est.

(118) §. LXXXIII. Il leur ordonna de monter. Cet ordre de Thémistocles ne s'adresse, de même que son discours, qu'aux Athéniens. Les autres Généraux en donnèrent sans doute de pareils, quoique Hérodote n'en dise rien.

(119) S. LXXXIV. Reculèrent..... sans revirer de bord. Ἐπὶ πρύμνην ἀνεκρέοντο. ἐπὶ πρύμναν κρέσασθαι se dit d'un vaisseau qui se retire, qui recule sans virer de bord. De cette manière on n'avoit pas l'air de fuir, et l'on couroit

(a) Plato Socratis Apologia, tom. 1, pag. 21, C.

(6) Euripid. Iphig. in Taurid. vers. 695.

(c) Eschyl. Xong, vers. 1060.

moins de risque d'être blessé que si on eût présenté le dos à l'ennemi. Mais lorsqu'on reculoit pour revenir à la charge avec plus d'impétuosité, les Grecs appeloient cela izì xpóμeναν ανακρούσασθαι. Cette différence est parfaitement bien établie par Julius Pollux. Καὶ (α) τὸ μὲν εἰς ἐμβολὴν ὑπογαγεῖν εἰς τοὐπίσω τὴν ναῦν, ἀνακρούσασθαι. Τὸ δὲ εἰς φυγήν, πρύμναν κρέσασθαι. «On dit ἀνακρούσασθαι, lorsqu'on recule sans re» virer de bord pour revenir à l'attaque, mais lorsqu'on >> prend la fuite sans virer de bord, on dit púvar xpéσxo»b». Cette manoeuvre se faisoit en ramant en sens contraire. Le même Julius Pollux a dit aussi en parlant d'un cheval úváxpove (b) vậy xaλı, « faites-le reculer en retirant » la bride, afin de le pousser ensuite en avant avec plus d'ar>> deur ». Voyez liv. VI, S. XII, note 11.

Voyez aussi la savante note de M. Valckenaer.

(120) S. LXXXIV. De reculer. L'expression est la même que celle qui est au commencement de ce paragraphe. J'ai cependant mieux aimé dénaturer un peu le sens, que d'employer une longue périphrase. Voyez la note précédente. (121) §. LXXXv. Inscrit parmi ceux. On écrivoit sur des registres les noms de ceux qui avoient rendu des services au Roi. Voyez la (c) lettre de Xerxès à Pausanias, Roi de Lacédémone. Mardochée (d) qui avoit donné avis à Assuérus d'une conspiration concernant sa vie, fut inscrit dans les annales, et fut dans la suite récompensé. Les Septante traduisent γράμματα μνημόσυνα τῶν ἡμερῶν, et la Vulgate, historias et annales priorum temporum.

(122) §. LXXXVI. La flotte des Perses. Il parut dans le temps de la bataille de Salamine une comète cornue: ceratias (e) cornus speciem habet, qualis fuit cum Græcia apud

(a) Jul. Polluc. Onomastic. lib. 1, cap. 1x, Segm. cxxv, pag. 84. (6) Jul. Polluc. lib. 1, cap. x1, Segm. ccx1, pag. 128. (c) Thucydid. lib. 1, §. cxxix, pag. 84.

(d) Esther. cap. vi, vers. 1, &c.

(e) Plin. Hist. Nat. lib. 11, cap. xxv, tom. 1, pag. 88, lin. 4.

Salamina depugnavit. Ce combat se donna la première année de la soixante et quinzième Olympiade, 480 ans avant Jésus-Christ, le 20 du mois (a) Boëdromion ou 30 septembre. Plutarque, qui assigne cette date dans la Vie de Camille, ne se trompe point, comme l'a cru (6) Dodwell, lorsqu'il avance dans celle de (c) Lysandre, que la bataille de Salamine se donna le 16 du mois Munychion ou 20 avril. Plutarque parle dans la Vie de Camille, de la bataille de Salamine qui se donna la première année de la soixante et quinzième Olympiade, et dans celle de Lysandre, de la bataille de Salamine dans l'île de Cypre, qui arriva la troisième année de la quatre-vingt-deuxième Olympiade, 450 ans avant l'ère vulgaire. Ruault s'y est trompé. Plutarque (d) et Diogènes de Laerte remarquent qu'Euripides naquit le jour même de la première bataille de Salamine, et qu'il mourut le jour de la naissance de Denys l'ancien, qui fut un des Tyrans de Sicile.

(123) §. LXXXVII. Artémise. Il y a dans le grec, Artemisia. L'usage a prévalu en françois de dire Artémise. Elle étoit fille de Lygdamis et Reine de Carie. Elle n'en possédoit cependant qu'une petite partie, Halicarnasse qui en étoit la capitale et les trois petites îles de Cos, Nisyros et (e) Calydnes. Ainsi il ne faut pas confondre Calydnes avec Calynde, ville sur les frontières de Lycie, dont Damasithyme étoit Roi. Il ne faut pas non plus confondre cette Princesse avec une autre Artémise qui fut aussi Reine de Carie, et qui étoit fille d'Hécatomnus, sœur et femme de

(a) Plutarch. in Camillo, pag. 138, B.

(b) Annales Thucydidei, pag. 49.

(c) Plutarch. in Lysand. pag. 441, D; de Gloriâ Atheniens. pag. 349, F.

(d) Plutarch. Symposiac. lib. VIII, Quæst. I, pag. 717, C; Diogen. Laert. in Socrat. lib. 11, Segm. XLV.

(e) Herodot. lib. vII, §. XCIX. L'Abbé Bellanger avoit fait dans une note un reproche peu fondé à l'Abbé Sevin.

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